TERMES, berceau de la famille GUIZARD

L'histoire du village de TERMES, a été écrite en 1936, par l'Abbé Louis ASTRUC. Son livre, maintenant épuisé, et quasiment introuvable, a été imprimé en 1939 à GRENOBLE.

Vous en trouverez ci dessous de larges extraits. Je n'ai fait que rajouter que quelques informations.

Topologie et Étymologie du mot TERMES.

Certains noms de villages de la Haute Corbière, ce qui fut autrefois le Termenès, ressortent :

De la couleur de la terre : VILLEROUGE TERMENES.

De la configuration du sol : MONTJOI (Tas de pierres)

De la culture prédominante : VIGNEVIEILLE.

De l'élevage : MOUTHOUMET (Moutons), LANET (Petite laine)

De l'essence végétale : BOUISSE (Bouich, buis)

D'autres noms, plus anciens, remontent à l'occupation romaine et laisse le souvenir de l'industrie qui s'y pratiquait : FELINES (Figulina, fabrique de poteries)

A une divinité païenne : La ROQUE de FA (Rupe de Fano)

TERMES, lui-même ne remonte t'il pas à l'époque romaine ?

On a trouvé dans son territoire un plat creux profond. Orné de fines gravures et remplis de petits ossements que l'on a jetés aussitôt les avoir découverts.

FELINES, fabrique de poteries est à un pas. Les habitants de la contrée, avaient la facilité de s'y procurer ces divers ustensiles.

Sans nul doute une colonie romaine existait dans le triangle TERMES, FELINES, LAROQUE de FA.

Les romains, ont apportés chez nous, l'industrie qu'il leur était nécessaire.Ils introduisent la religion qu'il pratique dans leur pays d'origine : Le Fannum de La Roque, et qu'ils se mettent sous la protection des dieux de leur patrie, et qu'ils élèvent un monument au dieu romain TERME, protecteur des limites de champs.

TERMES, était un des premiers dieux romains. Ce temple bâti par Nunna Pompilius, était figuré par un bloc de Pierre brut, auquel il n'était pas permis de toucher.
Ici ce bloc était tout trouvé : C'est la montagne elle-même qui prend le nom du dieu et qu'il sera impossible de déplacer.
Plus tard, un seigneur, Maître de la contrée, cherchant un endroit favorable pour construire un château, ne trouve pas meilleur emplacement que celui là.

Ce château par sa position inexpugnable deviendra la protection réelle de la contrée.

Le seigneur lui-même prendra ce nom et l'on ne parlera plus que dans l'histoire du Seigneur de TERMES.

C'est là une première hypothèse.

La deuxième hypothèse, ne fait que confirmer la première.

TERMES, était avant la conquête du ROUSSILLON, l'une des cinq forteresses, qui défendaient les frontières du LANGUEDOC

De là sa dénomination latine Castrum finarum ou Castrum Termarum : Le camp des limites, des bornes, des frontières, qui devient plus tard en latin vulgaire Castrum de Terminis.

Cette deuxième interprétation toponymique, ne contredit nullement la première ; elle ne fait en sorte que la renforcer.

Que le mot TERMES, soit venu du dieu TERME ou de Castrum de Terminis, il a toujours la même signification, le même rôle.

TERMES, c'est toujours la borne, la limite, la frontière.
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Topographie et limites.

La Haute Corbière, est une partie sauvage et presque désertique du département de l'Aude.

Les montagnes y sont peu élevées et couvertes de genets, buis bruyères et de chênes verts.

Au printemps, la végétation est luxuriante et toute une gamme de fleurs multicolores apparaît.

L'été, quand le soleil largue ses rayons, les fleurs disparaissent et les plantes se fanent. Le sol est chaud sous les pas et l'air chaud rend la respiration haletante.

En automne la campagne reprend un peu vie, l'herbe redevient verte, quelques fleurs s'ouvrent. Les vendanges et les récoltes sont terminées, on peut attendre les mauvais jours.

L'hiver, la campagne est triste, vieillie, les rochers sont gris cendres, et les rafales de vent sur les plateaux les rendent quasiment impraticables. Elle devient pour ainsi dire une région inhospitalière.

La température, quant à elle, n'est pas inclémente. Le thermomètre descend rarement en dessous de zéro. Seul le vent, souffle souvent en rafale.

Le village de TERMES, forme une agglomération compacte et se trouve dans un cirque naturel formé par les montagnes qui l'entourent.

Le village, est bâti en amphithéâtre sur la pente "D'as Rocs" en bordure d'une petite rivière le sou qui prend naissance sur le territoire de LAROQUE de FA, pour se jeter dans l'Orbieu un peu en amont de DURFORT.

Le territoire de TERMES, d'après le compoix, établit en 1673 par un commissaire subdélégué de Sa Majesté, confronte :

Au Nord, le terroir de St MARTIN des PUITS.
A l'Est, les terroirs de FELINES et VILLEROUGE TERMENES.
Au Sud, les terroirs de LAROQUE de FA et de MOUTHOUMET.
A l'Ouest, les terroirs de VIGNVIEILLE et DURFORT.

La ligne de circonscription de TERMES, fut officiellement reconnue par un géomètre nommé par le Préfet de l'Aude, qui établit le procès verbal de délimitation en fixant tous les points de repère le 2 mai 1825.

Ce procès verbal, fut signé par Jean Baptiste POUS maire de TERMES, ainsi que les maires des autres communes et le géomètre.

Il fut approuvé par le Préfet de l'Aude le 28 novembre 1826.

En plus de l'agglomération, TERMES comprend en aval du village sur le Sou, le moulin de la Buade. Ce moulin, mentionné dans les actes les plus anciens, est toujours habité.

A l'Est, se trouve le domaine de Creuille. Cette ferme, jadis, était habitée et exploitée.

Au XVIIIème siècle, TERMES, n'avait pas de débouchés, pas de routes. Il faudra attendre le début du XXème siècle. Pour voir le percement des deux tunnels le 15 juin 1903. Le plus petit fait une quinzaine de mètres de long, l'autre cent cinq mètres.

A l'entrée du grand tunnel, se trouve une plaque de marbre qui nous fait connaître le nom du Conseiller Général du Canton de MOUTHOUMET, qui eut l'idée de ce débouché, ainsi que le nom de l'entrepreneur. A la sortie de ce même tunnel, on y trouve un quatrain en langue d'Oc. Plus récemment en 2003 une troisième plaque a été apposée, par Hervé BARO, maire de TERMES et Conseiller Général du Canton de MOUTHOUMET, pour fêter le centenaire du percement des tunnels.

Au point de vue géologique, une grande partie du territoire, n'est que du schiste. La vigne et les fourrages y vivent très bien.

Une curiosité : les côtés Sud et Est du cirque, sont schisteuses, tandis que les cotés Nord et Ouest, sont composés de collines en pierre calcaire très dure.

On trouve aussi du marbre rouge veiné de blanc, dans les gorges de Termenet.
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Démographie

Le village de TERMES, rendu célèbre par les exploits de son seigneur au XIIIème siècle, est bien modeste aujourd'hui.

Une population sédentaire, occupait le village par opposition au château au temps des seigneurs.

Cette population, contribuait par son travail à pourvoir à la nourriture et aux divers besoins des châtelains et des soldats.

Cette main d'œuvre, toujours fournie par les habitants, était aussi indispensable pour assurer et faire les corvées nécessitées, par un état de guerre presque permanent.

C'est ainsi, que les Termenais, payaient en plus des droits perçus et des taxes imposées, la protection dont leur seigneur les entourait contre les pillages et les attaques des ennemis.

Le château, touchant presque le village, les habitants, épousaient nécessairement les querelles de leur seigneur, et partageaient au moins extérieurement leur croyance. Les relations devaient être fréquentes, pour ne pas dire journalière. Nul doute qu'il y a eu des croisements avec les soldats, pour la plus part des Catalans.

Nous trouvons les premiers noms de famille à partir de 1538 dans le livre des recherches diocésaines. Bernard DIMON, amoureux de TERMES et aussi passionné par l'histoire locale, a décrypter avec Claude PLA ce vieux grimoire : RYGAUD, PERIC, MATIEU, ESQUALIE, SOQUALO, TORNIE, SERRET, OLIVIE, SERDA, RANCSEYRE, BRISO, BELSOMS, MASEL.
Pour plus d'information, vous pouvez allez visiter le site de Bernard : http://perso.orange.fr/bernard.dimon

La liste des principaux propriétaires d'après le compoix du 15 mai 1662 : MATHIEU, MALBEC, RICHARD, SERE, SARROU, RANCIERE, SOUCAILHE, VERDIER, BERARD, LUSQUE, CAVANES, AURIOL, TENNE, AMALRIC, VALMIGERE, RIGAUD, DELPONT, MAURINE, BAISSAS, SEGUY, RAYNAUD, SALVETAT, MAZERM, SARDA, BERTRAND, VIGUIER, VILLEROUGE, SICARD, DAUCIANE, BARRES, MIALHE.

Sur le livre des terriers du 2 novembre 1673, nous retrouvons les mêmes noms plus celui de GUIZARD.

Le compoix de 1773, nous donne : GUIZARD, BEDOS, GALINIE, ALQUIE, SERE, ESPEUT, MAZERM, MALET, GAILLART, BUSQUET, GUITTART, LUSQUE, SARROU, SIRE, SEGUY, MOUNIE, AMALRIQ, DELPONT, CASTAN, RINGUET, CROS, BAILLOT, OLIVE, CABANIE, CALVE, PLA, ROSSIGNOL,                 

Au milieu du XXème siècle, il restait à peine huit noms de propriétaire fonciers : GUIZARD, SEGUY, MAZERM, SARROU, MOUNIE, LUSQUE, AURIOL et DELPONT. Ces familles ont survécues et se sont perpétués. Elles sont la pierre angulaire, fondamentale du village. Par leur survivance, elles en sont devenues la noblesse. En ce début de XXIème siècle la famille GUIZARD, n'est plus représentée à TERMES.

Quelle était la population de ce village qualifié de ville au XVIIème siècle ? On ne peut le dire au juste, parce qu'une partie de la population, était flottante au temps des seigneurs.

Plus tard, l'importance de TERMES diminua considérablement, puisque le siège de la viguerie fut établi ou transféré à FELINES.

Aujourd'hui, TERMES, compte 56 habitants, tandis qu'il y en avait 315 en 1818.

Ce qui est incompréhensible, c'est l'écart qui existe entre les divers recensements.
Comment expliquer, par exemple qu'il y eu 315 habitants en 1818, alors qu'on en trouve que 242 en 1831 ? Est ce une émigration passagère, avec un retour au village de 1831 à 1836, dont le dénombrement accuse 326 habitants ? En 1841 il y avait 321 habitants.

A partir de cette date, c'est la descente régulière. Année par année, la population diminue, pour arriver au taux actuel.

Cette dépopulation, nous la constatons dans tous les villages de la Haute Corbière.

Elle est due à l'émigration vers des terres meilleures et vers la ville. Du haut de leur montagne, les paysans ont vu là bas : "La terre promise" et ils s'y sont transportés.

Les jeunes gens, sont sortis. Ils se sont aperçus que chez eux, le travail est dur, pénible et peu rémunérateur. Les gouvernements, n'ont rien fait pour améliorer le sort du paysan, pour le retenir à la campagne, pour répandre dans ces villages perdus de la montagne les bienfaits du progrès et des inventions scientifiques.

La baisse de la natalité a été encore une des causes du dépeuplement.
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Aperçu général du château.

Rappelons que TERMES, tire sa notoriété de la présence dans son terroir du château, qui a joué un rôle considérable dans l'histoire.

Tous les faits se rapportant au château, font partie intégrante de la vie de la population.

C'était la châtelain, qui était le Maître, il avait le droit de haute, moyenne et basse justice.

La communauté n'était pas organisée, n'avait pas de vie propre et indépendante. Elle dépendait en tout de son Seigneur.
C'est pour cela, qu'il faut parler du château de ses seigneurs et de leurs luttes.

Aujourd'hui, le château n'existe plus qu'à l'état de ruine.

Il a été construit sur la cime d'une montagne aride, aux flancs escarpés. Le Sou, coule à l'Est, au Nord et à l'Ouest de la montagne, dans une vallée profonde. Au Sud, c'est une vallée avec le ruisseau de la Caulière.

TERMES, c'est le type de château fort, qui par sa position inaccessible, défait toutes les surprises et les attaques. C'était un véritable nid d'aigle.

Le château tout entier, est bâti sur ce roc. Avec lui les fondements ne forment qu'un bloc homogène, que les intempéries du temps n'ont pas pu attaquer et détériorer.

Pour arrêter l'assaillant, pas de fossés. Il fallait se contenter des défenses naturelles que fournissait la topographie des lieux et organiser ces défenses, par d'importants travaux de maçonnerie, contre lesquelles viendraient s'échouer les plus rudes assauts. C'est ce qu'avait pensé et réalisé le constructeur du château. Il pouvait être fier de son œuvre.

Le château fort de TERMES, comme l'a dit Simon de MONTFORT, était posé sur une hauteur, qui par l'escarpement de ses pentes, offrait des moyens naturels de défense.

En bas deux vallées : Celle du Sou et de la Caulière, remplacent avantageusement les fossés remplis d'eau. Il faudra les franchir, avant de commencer l'assaut.

L'accès de la place, était défendu dans presque tout son ensemble par des "à pics" impressionnants.

Le château, s'étendait sur une superficie de 16 740 mètres carrés.
Une légende raconte, et celle-ci est très difficile à croire, que le château de TERMES, était relié par un souterrain avec le château de DURFORT, situé à vol d'oiseau à deux kilomètres au Nord, sur un rocher dominant l'Orbieu.

Une curiosité que très peu de personnes connaissent et on vue, c'est une main gauche avec l'extrémité de l'avant bras taillée ou pétrifiée, elle a les cinq doigts joints et tournés vers le sol. Cette main se trouve dans le lit du Sou, dans la partie la plus accidentée et la plus difficile à franchir de la gorge du Termenet. Elle est incrustée dans la paroi du roc, avec au dessus, semblant la protéger, un rocher.

Cette main n'est pas venue là toute seule. Est elle un signe indiquant un passage souterrain, l'indication d'une cachette ? Les soldats de Simon de MONTFORT, se seraient ils amusés à sculpter cette main et dans quel but ? Ou est ce simplement du à l'érosion ?
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Le siège du château

Nous sommes en 1210 en pleine croisade contre les Albigeois.

Simon de Montfort, après la prise de Carcassonne, n'a d'autre but que de soumettre les principales places fortes de la région.

Le château, était commandé par Raymond III de TERMES. Comme nous l'avons vu plus haut, nous connaissons le château et sa défense naturelle. La garnison était très nombreuse et composée de bons soldats parmi lesquels des Catalans.

Simon de MONFORT, décide donc d'aller prendre dans son repaire, cet hérétique qui empêchait la célébration du culte catholique dans ces domaines. Il fallait profiter des beaux jours.

On était alors au début du mois d'août 1210.

Après avoir pris certaines précautions, Simon de MONFORT, laisse la garde de la Cité de CARCASSONNE à la vicomtesse ALIX et à Verles de ENCONTRE.

Il se met à la tête de son armée avec la Comtesse de MONFORT, de la puissante famille des MONTMORENCY, qui avait amené des renforts considérables. Il y avait avec lui : L'Archevêque de BORDEAUX, les évêques de CHARTRES, BEAUVAIS et CARCASSONNE, ainsi que les Comtes Robert de DREUX, de PONTHIEU et Guy de LEVIS.

Les hommes, ne suffisaient pas ; il fallait aussi des machines de guerre, pour battre les murailles et pratiquer des brèches.

Simon de MONTFORT, y avait pensé, et avait demandé à Verles de ENCONTRE de rassembler tous les engins pierriers, mangonneaux, catapulte etc.… et de les envoyer à TERMES, sous le commandement de Guillaume archidiacre de PARIS.
Le convoi, se mit en marche. Mais : Pierre ROGER, Seigneur de Cabaret, mis au courant, arma aussitôt trois cent de ses meilleurs soldats et vint se mettre en embuscade. Le choc, se produisit sur les bords de l'Aude et il s'en fallut de peu que Pierre ROGER, anéantissent ou ne prennent toutes les machines.

Verles de ENCONTRE alerté à temps, arriva avec une troupe et força Pierre ROGER à battre en retraite.

Il fit rentrer le convoi à CARCASSONNE, et ce n'ai que quatre ou cinq jours après cette escarmouche, qu'il put satisfaire aux ordres de Simon de MONFORT.

Cette fois, il fit accompagner les machines par une compagnie que commandait un gentilhomme.

Pierre ROGER de CABARET, n'abandonne pas la partie. Il attaque souvent, rien ne l'arrête.

On le voit surgir de partout, au moment ou l'on s'y attend le moins.

Tous les chemins, il les connaît, toutes les ruses il les emploie. Il harcèle toujours, retarde la marche de ces engins redoutés, en lesquels les assiégeants plaçaient à juste raison, leur confiance.

Il n'épargne rien pour détruire ces machines. La hache, le feu tout est bon.

Malgré tous les efforts de Pierre ROGER, le convoi arriva à TERMES ;

Simon de MONFORT, mis au courant des difficultés éprouvées, se réjouit avec les Seigneurs et le Léguât.

Le siège et le blocus du château, furent organisés.

Simon de MONFORT, fit boucher ou détourner, toutes les sources, qui pouvaient fournir de l'eau.

Si l'on n'arrive pas à prendre TERMES par les armes, on le forcera du moins par la famine et la soif.

Cette tactique, avait souvent réussi, pourquoi n'en serait il pas de même ici !

L'Archidiacre de PARIS, devient le chef incontesté de cette attaque. Il a l'œil sur tout, rien ne lui échappe.

Simon de MONFORT, investit le château, tandis que le gros de son armée et ses réserves, étaient sans aucun doute, établis sur le plateau de "Costerade", a l'Est du château et de la tour de Termet au lieu dit "Camp d'Aveilha et Tarfanel".

Pour atteindre les assiégés, il fallait descendre la pente jusqu'au ruisseau et remonter la pente opposée. C'était s'exposer aux coups des soldats de RAYMOND III.

Il fut décidé qu'une machine de guerre serait établie près du château. Guillaume de PARIS, s'attaque à ce travail cyclopéen. On réussit enfin à placer des machines.

L'attaque commence. On fait une brèche aux murailles. Les assiégés, quittent le point dangereux et en ressortent précipitamment et chassent les ennemis qui entraient par la brèche.

Les alliés, se rendent compte, qu'il faut couper le passage de communication entre la tour et le château.

Ils décident de diriger l'attaque contre la tour. A force de patience et de laborieux efforts, ils réussissent à placer un mangonneau entre l'un et l'autre de ses ponts stratégiques.

Ils y parviennent, mais RAYMOND de TERMES, en fait de même. Il place aussi un mangonneau qui contrecarre l'œuvre de Simon de MONTFORT.

Toutefois les défenseurs de la tour, comprenant leur position délicate et ne pouvant attendre de l'aide du château, se replient pendant la nuit.

Les soldats de l'Évêque de CHARTRES, rentrent dans la tour et arborent leur étendard.

Les pierriers de MONTFORT, font du bon travail. A mesure que les brèches sont ouvertes les assiégés les réparent.

Un nouveau mangonneau est dressé sur un rocher escarpé, peu éloigné du château.

Il dirige son tir sur les soldats et les travailleurs et les déloge de leur position.

Contre ce mangonneau, RAYMOND de TERMES, commande deux sorties, afin de le réduire en cendres ou le mettre en pièces. Les croisés en sortent vainqueurs.

Le siège, traîne en longueur. Simon de MONTFORT, manque souvent de pain. La résistance de RAYMOND et de ces soldats, est héroïque.

Dans le château, les vivres commencent à manquer également. L'eau fait totalement défaut.

N'y tenant plus, RAYMOND, fait savoir à Simon de MONTFORT, qu'il promet de livrer la place, à condition qu'on lui laisse toutes ces terres ou qu'on lui donne ailleurs un domaine équivalent.

Le découragement et la fatigue, se font surtout sentir dans l'armée assaillante. Certains parlent de se retirer. L'Évêque de BEAUVAIS, les Comtes Robert de DREUX et de PONTHIEU, de partir le lendemain. L'Évêque de CHARTRES, sur les supplications de la comtesse de MONTFORT, retarde son départ.

Devant ces défections et malgré la présomption du Seigneur de TERMES, qui se considère comme vainqueur et veut se retirer avec tous les honneurs de la guerre, Simon de MONTFORT, accepte la proposition intransigeante de RAYMOND III.

Ce dernier, réflexion faite, ne se retirera pas le jour même, mais le lendemain de grand matin.

La joie entre dans le camp des alliés.

Malheureusement, on comptait sans un nouveau facteur.

Pendant la nuit, il tomba une pluie abondante qui remplit les citernes des assiégés. Ceux-ci regardent cette eau comme un présent du ciel. Ils retirent immédiatement leur parole : TERMES, ne se rend plus. La lutte continue plus âpre et plus ardente.

La désillusion des croisés est extrême. Guy de LEVIS et Bernard Raymond de ROCHEFORT, Évêque de CARCASSONNE, qui a part ironie du sort, son frère et sa mère dans la forteresse hérétique, sont envoyés en parlementaires pour traiter de la reddition.

Ils ne peuvent rien obtenir, ni par promesses, ni par menaces. Le Seigneur de TERMES, refusa même à l'Évêque de CARCASSONNE, de voir son frère et de s'entretenir avec lui.

L'Évêque de CHARTRES, abandonne à son tour le Comte de MONTFORT.

Les efforts et les prodiges de Simon de MONTFORT, étaient demeurés stériles et vains.

A la chaleur tropicale du mois d'août, succède le froid piquant des nuits d'octobre et novembre. La perspective d'un campement sur ces montagnes battues par la pluie, le vent et les tourmentes de neige, n'était pas réjouissante.

La lutte était rude, les croisés, n'étaient pas habitués à tant e résistance. C'et que Raymond III, est un soldat aguerri, rompu à toutes les fatigues et privations.

Que fera Simon de MONTFORT, abandonné de tous ses alliés ? Va-t-il lui-même céder au découragement ?

Sur ces entre faits, il lui arrive des renforts de Lorraine. La lutte se poursuit. Les mangonneaux et les pierriers continuent leur œuvre de destruction.

Simon, fait préparer "Un chemin couvert", pour permettre à ses hommes d'aller saper les fortifications.

Le 23 novembre, les soldats de la ligue, n'apercevant plus aucune sentinelle sur les remparts, intrigués du silence qui régnait dans la place, approchent des fortifications, escaladent les murs et pénètrent dans le château.

Il était vide de tous ses défenseurs. Le ciel avait envoyé un présent funeste.
Cette eau de pluie, qui avait fait prolonger le siège, était la cause de ce départ précipité. Soit qu'elle fut corrompue dans les citernes, soit qu'on en eu abusé. Elle avait provoquée une épidémie, et décimait les soldats de RAYMOND III.

Incapable, dès lors de tenir tête aux assaillants, le Comte de TERMES, profita de la nuit pour sauver ses vaillants auxiliaires. Il sortit avec sa garnison, et s'enfuit par des sentiers détournés vers la catalogne.

Se souvenant en route, qu'il avait oublié des bijoux, il fit demi tour pour les récupérer.

Mal lui en prit, car il fut capturé. Simon de MONTFORT, l'envoya dans une des tours de la cité de CARCASSONNE, où il mourut peu de temps après.

Les croisés se mirent à la poursuite des fugitifs, ils les massacrèrent ou les firent prisonniers.

Simon de MONTFORT, entra dans le château ou s'étaient réfugiées les femmes du pays. Il ne poussa pas la cruauté jusqu'à se venger sur elle. Il les mit en sûreté et il empêcha qu'on ne fasse aucun tort ni à leur honneur, ni à leur vie.

A l'annonce de la prise du château de TERMES, maintes autres places et châteaux furent abandonnés par leur défenseurs : Entre autres le château d'ALBIERES.

Pour éviter des lenteurs semblables dans la reddition des places et châteaux, les chefs de la croisade, décidèrent que dans toute forteresse qui ne se rendrait pas et qu'il faudrait prendre d'assaut, les habitants, seraient passés au fil de l'épée.

Alain de ROUCY, lieutenant de Simon de MONTFORT, fut placé à la tête du Comté de TERMES, en récompense des services qu'il avait rendus pendant le siège.
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La démolition du château

La soumission du Gouverneur de LEUCATE, eut, pour le territoire des Corbières, une heureuse conséquence : elle le délivra du château de TERMES, ce fantôme féodal auquel les guerres civiles avaient donné comme une seconde vie.

Le château, était devenu pendant les agitations de la Fronde, une aire de brigandage. Monsieur de St. AUNNES, avait laissé dans le château, une garnison de soldats allemands qui semaient la terreur dans le pays et détroussaient les voyageurs.

Le traité conclu, par le gouverneur de LEUCATE et de TERMES, avec le maréchal de la MOTHE HOUDAUCOURT, mentionnait que le château, serait remis, ainsi que tout le matériel de guerre qu'il contenait, entre les mains de l'Archevêque de NARBONNE.

Le 28 novembre 1652, le roi avait donné le gouvernement du château, vacant par la trahison de Monsieur de St. AUNNES à un autre capitaine d'aventure : GUIZARD Saint Jean de MOUSSOULENS, Seigneur de la Garde et Baron de BOUISSE, gentilhomme ordinaire de la chambre, qui avait réussi avec le concours de ses amis et après un siège en règle, à s'emparer de la place.

Moins d'un mois après, le 20 décembre, le roi par lettre de cachet, annonçait au nouveau gouverneur le traité du Maréchal De La MOTHE. Il lui intimait l'ordre de remettre le château aux envoyés de l'Archevêque de NARBONNE.

En même temps le roi écrivait à monseigneur de REBE, lui disant qu'il considérait la place comme inutile à son service et qu'il en avait décidé la démolition ; et qu'il lui confiait cette tâche : "De façon à n'y pas laisser pierre sur pierre"

Ce fut le 12 mars 1653, que l'Archevêque de NARBONNE, envoya Louis de BELLISSENS, major de la ville, prendre possession du château. Celui-ci en présence de l'archiprêtre des Corbières du Bayle et des consuls de TERMES, dressa l'inventaire des provisions de bouche, des armes et canons et de toutes les munitions de guerre, qui se trouvaient dans la vieille forteresse. Le même jour une ordonnance du Comte de BIOULE, lieutenant général, prescrivait aux habitants des lieux de travailler à la démolition.

Le 4 avril Monseigneur de BELLISSENS, se rendait à VILLEROUGE. Il donnait l'ordre à vingt neuf paroisses ou villages de la châtellenie de TERMES, d'envoyer un député le 15 du même mois, pour étudier et arrêter ensemble le moyen le plus rapide et le moins onéreux de raser le château et pour procéder à la répartition des ouvriers.

Les communautés, montrèrent peu d'empressement à fournir les gens de corvées.

Il fallut annuler l'assemblée du 15 avril, la renvoyer au 22, puis au 25 et y convoquer outre la Châtellenie de TERMES, toute le Haute et la Basse Corbières de la montagne à la mer.

Monsieur de BELLISSENS, prit possession du château le 15 avril, Il n'y trouva que deux petits canons, qu'il fit mettre en sûreté à VILLEROUGE, sous la garde des Consuls.

Deux ans plus tard, sur l'ordre de l'Archevêque, on les rendit à Monsieur de Saint AUNNES, qui les emporta dans son gouvernement de LEUCATE.

Entre temps, on avait reconnu que la démolition par corvées serait extrêmement difficile et onéreuse. La dépense, était évaluée à 20 000 livres. 

Monseigneur de REBE, recula devant une telle somme. Il résolut alors de la faire exécuter par voie d'entreprise aux frais du diocèse. Les commissaires ordinaires et les députés du diocèse en firent l'adjudication, au prix de 6200 livres à Jean CONSTANS, maître maçon de LIMOUX, qui s'en dédit au profit de Guillaume de BLAGE, aussi maître maçon de la ville de LIMOUX.

Il fallut aussi donner 6800 livres au sieur de la Garde, non seulement pour l'indemniser personnellement de la charge qu'il perdait, mais encore pour les frais d'entretien de la garnison pendant sept ou huit mois.

Messieurs de BELLISSENS et FABRE, commissaires subdélégués par l'Archevêque de NARBONNE, touchèrent mille livres pour leurs vacations.

Monsieur MOULINES, archiprêtre de TERMES, reçut 300 livres en dédommagement des grains que la garnison lui avait enlevés.

Enfin, pour les frais d'enchères, séances, passation d'actes et voyages d'ingénieurs, il fut payé 622 livres 10 sols.

La dépense totale, s'élève à 14922 livres et 10 sols. Elle fut votée sans hésitation par l'assemblée du diocèse qui dans sa séance du 18 juin, remercia Monseigneur de REBE d'une opération aussi avantageuse pour le pays : "Telles forteresses n'estant d'ordinaire conservées que pour l'oppression des peuples".

Un ingénieur du nom de SEGUIER, fut chargé de la visite du château avant sa démolition.

On n'exécuta pas à la lettre les prescriptions de l'ordonnance royale qui ordonnait de ne pas "laisser pierre sur pierre". On se contenta de mettre le château hors d'état de nuire. Les enceintes extérieures furent démolies, ainsi que la citadelle. Il ne reste plus qu'un squelette informe.
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Les Seigneurs de TERMES.

Gautier de TERMES (Gualtérius de Termis) appelé aussi Gautier le Tolosan.

Quel est le premier seigneur de TERMES ? Il est difficile de le dire, puisque les documents historiques, ne parlent que de MIRON comme ancêtre de cette lignée de Seigneurs féodaux.

Monsieur BEDIER, nous dit bien : "Un personnage de la chronique de Turpin, s'appelle Gualtérius de Termis, Gautier de TERMES, appelé aussi Gaultier le Tolosan, cousin de Guillaume d'ORANGE, figure souvent dans les chansons du cycle narbonnais. Guillaume rappelle à Vivien mourant le jour de joie où il l'arma chevalier : (Je t'adoubai à mun paleis à Termes)" C'est bien probablement TERMES en Termenès.

Guillaume d'ORANGE, est il le premier Seigneur ? Ou bien est ce Gautier de TERMES ? Guillaume d'ORANGE, est à BARCELONE, lorsque Vivien, l'appelle pour combattre.

Guillaume en quittant BARCELONE, ne laisse t'il pas dans cette ville son cousin Gautier de TERMES, qui se marie et donne naissance à Wifred ?

Nous retenons seulement ce nom, Gautier de TERMES, parce qu'il nous rappelle le nom du château dont il est ici question.


WIFRED: Nous ne savons rien de ce seigneur, il meurt en 914, laissant pour lui succéder deux fils Wifred et Miron.


MIRON : Comte de Barcelone, de Bésalu, De Cerdagne et de Termes.

Ce personnage que l'histoire des comtes de Barcelone nous donne comme le premier comte de TERMES, eut cinq enfants. Olivier, sera le chef de la redoutable famille qui s'imposa dans notre pays et qui devint, un des puissants adversaires des Français, pendant la guerre des Albigeois.

Miron, avant de mourir en 990, partagea ses biens entre ses enfants.

Bernard, eut pour sa part le comté de Bésalu et de Barcelone.
Vifrède, le comté de Cerdagne.
Miron, devint évêque de Girone.
N ; de Termes, une fille, épouse le Seigneur de Coult en Roussillon.
Olivier, fut fait comte de TERMES et du pays de Fenouillèdes.


OLIVIER I : comte de TERMES et du pays de Fenouillèdes.

Ce fils de Miron, qui devint comte de TERMES et du pays de Fenouillèdes, vivait vers la fin du Xème siècle. C'était un soldat courageux et intrépide.

Son ambition, lui fit inaugurer une série d'attaques contre les Seigneurs ses voisins. Bien retranché dans son château de TERMES, qui lui servait souvent de résidence et de refuge, il ne craignait personne. Pas même le puissant comte Roger de CARCASSONNE, qu'il avait attaqué.

Il était surnommé " Cabreta ", parce qu'il manifestait sa colère en grattant du pied comme les petites chèvres. Il faut croire cependant que l'interprétation de ce surnom a été l'œuvre d'un scribe. C'est l'opinion de Monsieur BEDIER.


OLIVIER II et RADULPHE: Olivier I, donna la partie orientale des Corbières à titre de comté à l'un de ses fils, Olivier II, qui devint bientôt évêque de VIC.
Olivier II, institua Radulphe, vicomte de TERMES. Il lui enjoignit de faire la guerre à Roger comte de CARCASSONNE, qui avait vaincu son père en bataille rangée, auprès de Saint HILAIRE, sur les bords du Lauquet.
Radulphe, fit Roger prisonnier et l'enferma dans le château de TERMES.
Une telle prise, favorisa les ambitions du Comte Olivier qui cherchait à agrandir son patrimoine. Il rendit la liberté au Comte Roger, moyennant la cession de tout le Val de Daigne.

Ce pays, situé au Nord de TERMES, augmentait la puissance défensive du château de TERMES et formait une barrière difficilement franchissable.


RAYMOND I: Il fallait fortifier le val de Daigne, qu'Olivier II, avait obtenu du Comte de CARCASSONNE. Il fallait l'organiser, en faire un ouvrage militaire avancé.

C'était même nécessaire en prévision des retours de fortune, comme on en voit fréquemment pendant les guerres. D'autant que le Châtelain de TERMES, n'était pas inactif dans sa forteresse. Il continuait les incursions de ses aïeux contre le Seigneurs ses voisins.

Ce fut l'œuvre, qu'entreprit Raymond I. dans son zèle, à faire bien et grand, il outre passa ses droits. Il empiéta sur les terres de l'Abbé de LAGRASSE, tout puissant à cette époque.

L'Abbé, porta le conflit devant l'Archevêque de NARBONNE, qui en 1062, fulmina une excommunication contre Raymond I.


PIERRE I: Il continua les travaux de son père Raymond I. Il commit les mêmes fautes, les mêmes errements, et comme lui il fut frappé en 1070 de la même peine d'excommunication.


RAYMOND II: Cette guerre ouverte, les moines et les princes de l'église, dura très longtemps. Raymond II, fils de Pierre I, marcha sur les traces de ses ancêtres.

Cependant, sa fille Rixovende, reconnut les torts fait au monastère de LAGRASSE.

En 1208, elle restitue à Guillaume de SERVIES, Abbé de LAGRASSE, les biens usurpés par sa famille.

Elle lui fait savoir, qu'elle n'a aucun droit sur les villages et châteaux de : PALAIRAC, COUIZE, TREVIAC, LAIRIERE, QUINTILLAN et autres.

Cette réparation, vaut à Rixovende, d'être admise, par l'Abbé de LAGRASSE dans la qualité de Sœur du dit monastère.


RAYMOND III: A Raymond II, succèdent ses deux fils Raymond III et Guillaume.

Le partage des biens, fut laborieux. Il fallut avoir recours à l'arbitrage de Raymond de TRENCAVEL pour les mettre d'accord.

Le jugement, fut rendu en décembre 1163, en présence d'Armengarde, vicomtesse de NARBONNE, d'Udalger, vicomte de Fenouillèdes et de plusieurs Seigneurs et Gentilshommes du pays.

Ce jugement, attribuait les deux tiers du château et du barri (Le village) à Raymond et à sa sœur Rixovende, qui avait épousé Bernard de MONTESQUIEU. L'autre tiers, revenait à Guillaume.

Les autre domaines, qui consistaient dans les châteaux de DURFORT et CARCASSONNE et le village d'ARQUES, furent adjugés par moitié à chacun des deux frères, mais il était défendu, à l'un comme à l'autre d'élever des fortifications sans le consentement préalable de son cohéritier.

Raymond III, dont les ancêtres avaient eu des difficultés avec le pouvoir spirituel s'orienta vers le mouvement Albigeois.

Il contracta alliance avec les chefs temporels du mouvement : Raymond VI, Comte de TOULLOUSE, les Comtes de FOIX, BEARN, COMIGNES, les vicomtes de BEZIERS et de CARCASSONNE.

Le Pape Innocent III, fit comprendre à Philippe Auguste Roi de France, que le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel devaient se prêter appui, pour défendre l'église.

La guerre civile, éclata en 1178.

L'alliance que Raymond III, avait contractée avec les principaux chefs albigeois, le distrayait de la suzeraineté d'Alphonse II, roi d'Aragon.

Cette conduite, était loin de plaire au Monarque. Il prit les armes en 1179, pour punir la félonie de ses vassaux. Raymond de TERMES, tint tête seul au Roi d'Aragon.

Roger II, vicomte de BEZIERS et de CARCASSONNE, plus malheureux, fut vaincu et reçut le Alphonse II dans la ville de CARCASSONNE.

Comme gage de réconciliation, le roi d'Aragon, le territoire du Razès, la ville de LIMOUX, le pays se Sault, le château de TERMES et le Termenès et enfin le Minervois et le château de MINERVE, à condition, qu'il tienne en fief sous sa suzeraineté et celle des rois, ses successeurs.

En 1183, ces biens firent retour à la maison d'Aragon.

Une nouvelle croisade, s'organisa. Elle avait à sa tête, l'Abbé de CITEAUX et Arnaud AMAURY.

L'armée, comprenait bon nombres de chevaliers français, attirés par l'appât des fiefs confisqués dans cette belle terre du Languedoc, si fertile en toutes choses.

Bien d'autres motifs, outre le sentiment religieux, entraînaient les paladins de France contre les hérétiques. Il y avait parmi eux : Les Comtes de Saint POL, de NEVERS, de Bar sur Seine, Pierre de COURTENAY, Guy de BEAULIEU, Guillaume des ROCHES, Enguerrand de COUCY, Simon de MONTFORT, Les Archevêques de REIMS, SENS et ROUEN, les évêques de BAYEUX, AUTUN, CLERMONT, NEVERS, LISIEUX, CAHRTRES et un certains nombres d'abbés mitrés.   

Cependant, le principal hérétique Raymond de TOULOUSE, avait fait sa soumission. Il avait offert en gage, son fils, ainsi que sa personne.

Il semblait dès lors que tout devait être terminé. Il n'en fut rien. L'Abbé de CITEAUX, ne voulait pas avoir fait pour rien de si grands préparatifs. On allait donc tâcher de châtier d'autres hérétiques notoires.

L'armée, descendit le Rhône. Elle prit et saccagea BEZIERS. Le 1er août 1209, elle était devant CARCASSONNE. La ville, fut prise et le vicomte enfermé dans une des principales tour de la cité.

Le 22 août, Simon de MONTFORT, fut proclamé vicomte de CARCASSONNE et BEZIERS.

Les croisés commirent toutes sortes de méfaits : Ils pillèrent et mirent à sac toute la contrée.

Le roi Pierre d'Aragon, vit avec une sombre colère promener le feu et la flamme sur un pays dont il était le suzerain. Pierre ROGER, Seigneur de CABARET, Raymond de TERMES et Aymeric, Seigneur de MONTREAL, l'avaient appelé au secours : ils le regardaient comme leur Seigneur et lui livraient toutes leurs terres.

Le roi d'Aragon refusa d'investir Simon de MONTFORT de toutes ces terres, domaines, châteaux et titres.

On rompit avec Raymond de TOULOUSE qui alla trouver le Pape à ROME, auprès duquel il obtint satisfaction.

Les croisés, eux avaient décidé de poursuivre la lutte. Rien ne devait les arrêter. Raymond de TOULOUSE, anesthésié par leurs promesses, ne comprit pas leur jeu. Il ne vit pas que TOULOUSE devait devenir leur proie et que lui-même devait payer pour le meurtre de Pierre de CASTELNAU dont il était accusé.
Les croisés, jugèrent qu'i était imprudent de s'avancer vers TOULOUSE, sans avoir réduit les places fortes de MINERVE, de TERMES et de CABARET., ou se trouvaient les principaux ennemis de la foi catholique.

MINERVE, situé sur un rocher escarpé, était commandé par Guillaume de Minerve, qui avait épousé Blanche, fille de Raymond III de TERMES.

Simon attaque ce château dès le mois de juin. Le siège dura sept semaines. Les assiégés, comme dans la plupart des châteaux, manquèrent d'eau et furent obliger de capituler.

Les croisés, entrèrent dans la place le 22 juillet 1210. Les dissidents, ayant refusé d'embrasser le culte catholique, furent brûlé dans un immense bûcher.  Cent quarante parfaits et peut être plus, s'y précipitèrent d'eux-mêmes.

Il ne restait plus qu'à soumettre le château de TERMES. Le siège dura quatre mois. Raymond III, fut capturé par Simon de MONFORT et envoyé dans une des tours de CARCASSONNE, ou il mourut peu de temps après.


OLIVIER III: Olivier, fut le digne successeur de toute cette lignée de TERMES. Irrité, à juste titre, d'avoir été spolié et indigné des mauvais traitements infligés à son père, il prit parti pour TRENCAVEL, et il continua à vivre dans l'hérésie.

Le Comte de TOULOUSE, l'employa à son service. Il lui donna ainsi qu' Pons de VILLENEUVE, le château de LABECEDE LAURAGAIS, dont il venait de renforcer la garnison. C'était au commencement de 1227. Pendant l'été de cette même année, les Français vinrent mettre le siège devant le château. Les assiégés, peu nombreux, se virent obligés de prendre la fuite.

Raymond de TOULOUSE, avait de puissants ennemis qui ne reculaient devant rien pour le brouiller avec ses partisans. Pierre AMIEL, archevêque de NARBONNE et CLARIN, évêque de CARCASSONNE, s'employèrent fortement à détacher les seigneurs du pays qui tenaient encore pour lui.  Ils engagèrent les deux frères Olivier et Bernard de TERMES, à les prendre pour médiateurs, afin de conclure la paix avec l'Eglise et le roi.

La paix, fut conclue à NARBONNE le 21 novembre 1228. Olivier et Bernard de TERMES, déclaraient en présence de deux prélats et du maréchal Guy de LEVIS :

"Qu'ayant été jusqu'alors seigneurs de TERMES, ils cédaient au roi Louis, le château de ce nom et qu'ils les en mettaient en possession au nom de ce prince. Quant au reste du Termenois, ajoutent ils et aux domaines de nos vassaux, tant chevaliers, qu'autres, qui ont été ou seront réconciliés à l'Eglise, nous nous en remettons à la miséricorde du roi, et nous les recevons en commande de la part de ce prince, de vous Guy de LEVIS, maréchal, comme nous le possédions dans le temps que le feu roi vint à AVIGNON. Enfin, nous promettons d'être fidèles au roi et à ses héritiers et de l'aider contre ses ennemis et ceux de l'église." 

L'Archevêque de NARBONNE, l'évêque de CARCASSONNE, et Guy de LEVIS scellèrent cet acte de leur sceau et ils promirent de le faire également sceller par HUMBERT, seigneur de BEAUJEU, envoyé du roi dans le pays et par Philippe de MONTFORT. L'acte fut passé en présence de Pierre de VOISINS, d'André, sénéchal du Toulousain etc.

De cet acte, nous pouvons inférer deux choses touchant le gouvernement de la province :

1 : Que les Seigneurs Guy de LEVIS, Pierre de VOISINS et autres, que Simon de MONTFORT, avait établis gouverneurs de places et de régions et qui avaient été dépouillés de leurs titres à la mort de Simon, furent rétablis dans leurs charges et leurs domaines en 1226, par le Roi Louis VIII.

2 : Que Louis VIII et le roi Saint Louis, son successeur, mirent à partir de 1226, un sénéchal à la tête de la partie du Toulousain qu'ils avaient prise au comte Raymond de TOULOUSE.

Olivier de TERMES, avait hérité de son père des qualités guerrières qui le firent se distinguer à plusieurs reprises.
Dès 1231, les peuples du Narbonnais aidèrent Jacques, roi d'Aragon, à prendre aux Sarrasins une grande partie de l'île de Majorque. Olivier de TERMES, y acquit beaucoup de gloire.

L'acte que les deux frères, avaient signés en 1228, n'avait pas porté ses fruits.

Olivier et d'autres seigneurs du Termenès avaient conclu une alliance avec le vicomte de Carcassonne. La guerre continuait.

Les évêques de la province, réunit en concile à BEZIERS en 1234, prescrivirent, à tous les hommes âgés de quatorze ans et plus de promettre, par un nouveau serment d'observer la paix.

Pierre AMIEL, archevêque de NARBONNE, ordonna à son tour aux habitants de la cité et du bourg de NARBONNE, âgés de quatorze ans et plus de prêter ce même serment. Il leur enjoignit aussi de jurer : De garder la foi catholique, de poursuivre les hérétiques, de favoriser l'inquisition, de rompre le trêve qu'ils avaient faite avec Olivier de TERMES et ses alliés et de renoncer à toutes les associations et ligues qu'ils avaient formées entre eux.

Ces peines, portées par le pouvoir ecclésiastique ne firent pas se convertir TRENCAVEL et les seigneurs, qui lui étaient fidèles.

Dépossédés de leurs domaines, ils vivaient au-delà des Pyrénées, sous la protection du roi d'Aragon, attendant une occasion favorable de recouvrer leurs biens.

Ils parurent, pendant l'été 1240, dans les diocèses de NARBONNE et de CARCASSONNE. Olivier de TERMES, Raymond de ORZALS, etc., faisaient partie de cette nouvelle armée qui réussit à reprendre sur le roi une partie des anciens domaines du Vicomte de CARCASSONNE.

Cette alliance, fut de courte durée. Amalric, vicomte de NARBONNE, la rompit le premier. Il promit au roi, par le serment, en date du 15 mars 1241, de le servir envers et contre tous, de faire la guerre à ses ennemis Albigeois, de lui livrer ceux de ses châteaux qu'il lui demanderait etc.

D'un autre coté, Olivier de TERMES, Pierre de CUCUGNAN, Bérenger de PEYREPERTUSE, Bernard de TERMES et quelques autres seigneurs du parti de TRENCAVEL allèrent trouver le roi à PONTOISE, au moi de mai et promirent d'obéir à ses ordres.

Que sait il passé ? Nous voyons en 1242 Oliviers de TERMES aux côtés de Raymond de TOULOUSE. De nouveaux les domaines du roi sont attaqués : Le Razès, Le Minervois, Le Narbonnais et le Termenès sont repris.

Amalric, introduit Raymond dans NARBONNE. L'Archevêque de cette ville, obligé de partir, se retire à BEZIERS, d'où le 21 juillet, il fulmine une sentence d'excommunication, par laquelle, il excommunie Raymond de TOULOUSE comme routier violateur de la paix, usurpateur des biens de l'église et parjure envers l'église et le roi de France, avec tous ses alliés et complices, nommément les Comtes de Comminges et de RODEZ, Olivier de TERMES, etc. Il excommunie également tous ceux du Razès, du Minervois, du Narbonnais et de Termenès, ses diocésains qui les avaient reçus.

Cependant, la grâce travaille pour Olivier. Il comprend que, ennemi du roi, il ne peut plus rentrer dans ses domaines. Il renouvelle en 1246, la soumission qu'il avait faite au roi en 1241. Il permet à divers gentilshommes de jouir des rentes qu'ils avaient obtenues du roi. Il offre ses services qui sont acceptés. Il prend la croix et s'engage à emmener avec lui en Terre Sainte, quatre autres chevaliers et vingt arbalétriers, qu'il soudoiera de ses deniers.

Saint Louis, fait savoir par lettre au Sénéchal de CARCASSONNE, que Olivier de TERMES, lui ayant rendu hommage, il lui ordonne d'assigner à ce Seigneur vingt-cinq livres de terres des "Hérésies et faïdimens". Le roi accorde en octobre 1247, un délai pour le remboursement de cinq cent livres que lui doit Olivier. Enfin, sur la plainte de l'Abbé de LAGRASSE, le roi mande au sénéchal de CARCASSONNE, de ne pas souffrir qu'Olivier contraigne les hommes du dit Abbé, habitants du Termenès, à lui porter du bois et autres choses.

Le roi saint Louis, s'embarque le 25 août 1248, à AIGUES-MORTES, emmenant avec lui : Le Comte de TOULOUSE qui a fait sa soumission, TRENCAVEL, Philippe et Guy de MONTFORT ainsi qu'Olivier de TERMES.

Tous ces Seigneurs, se signalèrent par leurs exploits en Terre Sainte. Olivier de TERMES, tout particulièrement. Aussi, il est l'objet des faveurs du roi.

Par des chartres, expédiées d'AIRES, Saint Louis, ordonne au Sénéchal de CARCASSONNE, de rendre le château d'AGUILAR à Olivier, de donner à ce Seigneur et aux chevaliers de sa suite, les terres du Termenès, mais non le château de TERMES., jusqu'à concurrence de 250 livres de rentes.

Toutes ces terres, avaient été confisquées à la suite de la rébellion des seigneurs. Par la suite, le roi accorda plusieurs autres faveurs à Olivier, qu'i traitait de "Dillectissimus filius noster" et dont les historiens du temps faisaient grandes éloges.

Toutefois, Olivier ne rentra pas en possession des biens qu'il avait dans le Val de Daigne : PALAIRAC, TOURNISSAN, BUSINIAC, LAIRIERE, TREVIAC, QUINTILLAN, MAIRONNES, MONTROUGE, TAX, Saint Pierre des Champs.

Ces biens, avaient été usurpés à l'Abbé de LAGRASSE et Olivier, en 1237, les avait rendus à Bernard IMBERT alors abbé.

Olivier, commandait pendant la croisade, les arbalétriers et les routiers. Il trouva le moyen à DAMIELLE, d'échapper à la défaite que les infidèles infligèrent à l'armée royale.

Il était un spécialiste de la guerre, au jugement sur à l'initiative prompte, que l'on consultait bien volontiers et dont on suivait les conseils. Pendant la première croisade de Saint Louis, il tira l'armée d'un bien mauvais pas.
Saint Louis embarque pour le retour en France en 1254. Olivier de TERMES, était avec lui. Le bateau, qui les portait heurta un banc de sable, tout près de l'île de CHYPRE. Les maîtres nautoniers, conseillèrent au roi de quitter son vaisseau et d'embarquer sur un autre. Il ne voulut pas. Et pourtant le danger était si grand, qu'Olivier demanda à être descendu sur cette île.  Ce qui fut fait, sans aucun tort pour sa réputation.

Olivier, rentra de Terre Sainte en 1255.

L'oisiveté, lui est à charge. Il ne peut s'empêcher de combattre. A peine est il de retour, qu'il attaque quelques seigneurs de son voisinage et leur fait des prisonniers.

Le roi, qui l'avait en très haute estime, pour les services importants qu'il avait rendus et pour sa grande expérience dans l'art militaire, lui donna, à cette occasion des marques particulières de sa bienveillance.

Il fit connaître au Sénéchal de CARCASSONNE, la joie qu'il avait ressentie du succès militaire d'Olivier de TERMES contre Chatbert de BARBAIRAN et ses complices qui avaient été faits prisonniers.

Il donne l'ordre au Sénéchal de confisquer les biens de douze chevaliers et arbalétriers du pays de CARCASSONNE, qui avaient prêté main forte au dit Chatbert et de les retenir prisonniers.

Quelque temps après, le roi confirme au Sénéchal, l'ordre de maintenir prisonniers, ceux qui avec Chatbert, avaient fait la guerre à Olivier.
Mais bientôt, par de nouvelles lettres, il mande au Sénéchal de faire droit, selon l'usage et la coutume du pays, à Pierre Raymond de BARBAIRAN et à Aymeric de MONTLAUR, tous deux détenus pour avoir combattu Olivier de TERMES.

Seigneur d'une grande droiture et d'une grande probité, Olivier, n'a pas seulement l'estime du roi. ; Mais aussi celle des principaux seigneurs de la région.
De même, qu'on lui demandait conseil en Terre Sainte, de même on lui demanda conseil en France.

En 1256, alors que le vicomte de NARBONNE lance un défi au roi d'Aragon et que Saint Louis, favorise le roi de Castille au détriment du Roi d'Aragon, les ambassadeurs demandent à avoir l'avis d'Olivier et de quelques autres vassaux.

Bertrand, vicomte de LAUTREC, coupable du meurtre du fils de Guillaume de PAULIN, fut arrêté par ordre du roi et soumis à certaines conditions. Bertrand, se soumit le 13 février 1258, en présence de Philippe de MONTFORT, d'olivier de TERMES et de plusieurs autres seigneurs qualifiés.

En 1259, après avoir délibéré avec Olivier de TERMES, Lambert de TURY, Pierre de GRAVE et les principaux seigneurs de la contrée, le Sénéchal de CARCASSONNE, se saisit du temporel de l'évêque d'ALBI et le condamne à une forte amende.

Olivier de TERMES, était présent à MONTPELLEIR, lorsque Jacques roi d'Aragon, vint en 1262, décider du mariage de son fils aîné l'Infant Pierre avec Constance, fille de Mainfroi, roi de SICILE.

Olivier de TERMES, vieillissait, il sentait le poids des ans et peut être aussi les fatigues de sa vie d'aventures.

Homme de devoir, il voulait mettre de l'ordre à ses affaires fort délabrées et laisser tout en règle avant de mourir.

Il fit son testament, en novembre 1257, et il choisit sa sépulture dans le cimetière de FONTFROIDE, ou il ne sera pas d'ailleurs inhumé : L'homme propose, dieu dispose.

Il assigna, pour le paiement de ses dettes, tous les revenus de ses terres pendant vingt ans, à partir du jour de sa mort, à l'exception du château de TALAIRAN et des domaines du Val de Daigne qu'il réservait pendant ce temps pour la subsistance de son fils Raymond.

Il institua ce même fils héritier universel. Il légua le château d'AGUILAR au roi de France, en le priant de donner 20 ou 30000 sols tournois à ses exécuteurs testamentaires, pour l'acquittement de ses dettes. Il donna 10000 sols au Monastère de FONTFROIDE.

En reconnaissance de ce don, Othon, abbé du Monastère, décida que le nom d'Olivier sera inscrit dans tous les missels du Monastère et qu'on fera mémoire de lui, pendant et après sa mort dans toutes les messes qui seront  célébrées au dit Monastère.

Il légua à Ermessinde, femme de Bernard de MONTESQUIEU, 1000 sols melgoriens. Il ordonna de restituer à Thérèse sa femme, les 6000 sols melgoriens qu'elle avait apportés en dot.

Il nomma, pour exécuteurs testamentaires, l'Archevêque de NARBONNE, le Sénéchal de CARCASSONNE et Raymond de SIERRA LONGO, son frère, qui devaient tous agir sur les conseils de l'abbé de FONTFROIDE et du prieur de Jacobins de NARBONNE.

Olivier, comme le disait JOINVILLE : "Un grand et riche homme". Il tirait ses revenus de ses terres et domaines qui étaient immenses.

En 1259, Béranger, abbé de LAGRASSE, lui avait accordé la moitié des produits des mines de fer, sises sur les territoires de PALAIRAC et de QUINTILLAN, à la condition que les mineurs pussent prendre dans les forêts d'Olivier tout le bois qui leur était nécessaire pour fondre l'argent et le séparer de sa lie, et que, après la mort d'Olivier, cette redevance fit retour au Monastère.

Tous ces revenus ne pouvaient pas suffire à la vie agitée du Comte, à ses guerres, aux obligations qu'il avait prises en se croisant. Il avait fait de nombreuses dettes, mais en homme consciencieux il s'en acquitta en partie par la vente de ses biens.

Déjà en 1231, il avait cédé aux descendants de Pierre de VOISINS divers domaines du Termenès. Pendant son séjour en Terre Sainte, il vendit, en 1252 pour la somme de 6000 sols melgoriens, à l'Archevêque de NARBONNE, le château de MARCORIGNAN avec ses droits. A l'abbé de FONTFROIDE, le village de MARCORIGNAN.

En 1257, il cède à ce même abbé pour la somme de 80 000 sols melgoriens, les châteaux de Saint NAZAIRE et de Sainte VALLIERE.

En 1260, il vendit au roi pour 3320 livres tournois, le château d'AGUILAR et la ville de TERMES.

En 1261, il vendit également MAIRONNES, les terres de la Seigneurie de TUCHAN et de PAZIOLS : Ségure, Domneuve et Nouvelles à l'abbé de FONTFROIDE.

La Seigneurie et les droits, sur les châteaux de : SERVIES, TAURIZE, ARQUETTES, CAUNETTES, VILLETRITOULS, Saint Martin des PUITS, BRENAC dans le Razès et PECH-NEURAN dans le Lauragais au Chapitre de saint NAZAIRE de CARCASSONNE.

Louis IX, confirma dans l'année, cette dernière vente moyennant un revenu annuel de 50 sous de Melguiel au roi.

En 1261, encore : MASSAC, Carcassès et LAROQUE de FA, sur lesquels Olivier avait des droits, furent vendus à la maison de la milice du Temple de Sainte Marie de PRETORIIS et à Raymond de BASSON, précepteur d'icelle, pour le prix de 18 000 sols melgoriens.

En 1263, il vendit à Pierre, abbé de LAGRASSE pour la somme de 8000 sols tournois, la leude de PALAIRAC et de diverses terres sises à FELINES. Cette même année, par lettre de sain Louis, fut confirmée la vente faite au chevalier Raymond d'ABAN, de tous les droits qu'Olivier avait sur les châteaux de MOUTHOUMET, Saint Julien sur le territoire de Fenouillet en Termenès, ainsi que la leude sur ce qui lui revenait de PEYREPERTUSE.
Enfin en 1265, il céda le pays de Fenouillèdes à ce même Raymond d'ABAN.

Ayant réglé ses affaires temporelles, Olivier pensa à son salut éternel. Libre désormais, il va entreprendre à plusieurs reprises, le voyage en Terre Sainte.
Il y retournera pour la deuxième fois en septembre 1264, et débarquera à AIRE. Il fut bientôt de retour, puisqu'en 1265, il rencontra en France le Cardinal Guy de FOULQUES, ancien archevêque de NARBONNE, et quelques temps après le Pape Clément IV.

Le Cardinal, fut très sensible au souvenir de ses anciens amis, principalement d'Olivier de TERMES qui lui communiqua son désir de retourner en Palestine et d'y finir ses jours en combattant les infidèles.

Olivier, fit un troisième voyage, pour prendre part à la septième croisade organisée par Saint Louis. Il partit seul. Ayant appris à NAPLES, le passage du roi, il alla le rejoindre près de TUNIS. Il avait pour mission, de lui annoncer la prochaine arrivée de Charles, roi de SICILE, qui se disposait à lui amener des secours. Malheureusement, Charles trouva Saint Louis mort.

Olivier, revint en France, après la mort du souverain. Le roi Philippe le Hardi, le renvoya en Terre Sainte, en avril 1273, à la tête de 25 chevaliers et de cent arbalétriers. Il y mourut le 15 août 1275.

Ainsi mourut loin de ses domaines, cet Albigeois fougueux, qui était revenu à la foi catholique ! Ainsi s'éteignit, peut on dire, en beauté cette puissante famille des Comtes de TERMES.

Olivier, laissa bien deux fils : Raymond et Guillaume, dont les noms sont à peine prononcés par les historiens.

En 1287, le roi de France recommença la guerre contre le roi d'Aragon, le Sénéchal de CARCASSONNE, Guérin d'AMPLEPUIS, établit une garnison dans le diocèse de BEZIERS. Guillaume de TERMES, à la tête de quelques gentilshommes et des habitants de QUARANTE, utilisa cette garnison pour forcer les chanoines réguliers de l'abbaye de QUARANTE, à élire pour Abbé, contre leur volonté Ermengaud, ouvrier du Monastère.

Les armes d'Olivier, sont : D'argent au lion de gueules. Elles sont peintes, au château de VERSAILLES, sur la frise de la grande salle des Croisades. Elles sont reproduites pareillement, gravées et coloriées dans l'ouvrage intitulé : VERSAILLE, salle des croisades.

Son double sceau est gravé dans l'histoire générale du Languedoc
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Sous les gouvernements royaux

Nous savons, qu'après la chute du château de TERMES, Alain de ROCY avait été établi, par Simon de MONFORT, comme Seigneur et Comte de TERMES et Termenès.

Il transigea en 1215, avec Guillaume de SERVIES, abbé de LAGRASSE et aussi en 1221 en qualité de seigneur de TERMES.

Alain de ROUY, s'était illustré lors de la bataille de MURET en tuant Pierre II d'ARAGON le 12 septembre 1213.

Il avait accompagné avec dix chevaliers la fille de Philippe Auguste, lorsqu'elle alla prendre possession du royaume d'Angleterre.

Il mourut des suites des blessures, qu'il avait reçues au siège de MONTREAL par les comtes de FOIX et de TOULOUSE en 1214.

A la mort de Simon de MONTFORT, (En 1218, aux portes de TOULOUSE), beaucoup de Seigneurs ou Gouverneurs avaient été dépouillés de leur titre et prérogatives. Mais nous avons que Louis VIII, avait rétabli ces nobles dans leurs emplois et dignités.

La forteresse de TERMES, de 1220 à 1652, fut placée sous la domination de Gouverneurs à la solde du roi.

En 1255, la garnison assez nombreuse, est réduite par ordre de saint Louis à quinze sergents.

En 1260, il n'y a plus que huit sergents. On attribue au Gouverneur Oudard de JONQUIERES, une solde de quinze sols par jour. Les huit sergents sous ses ordres, reçoivent ensemble, quinze sols et quatre deniers. Enfin il est octroyé six livres quinze sols.

En 1272, Philippe le Hardi, accorde dix deniers de gages au lieu de huit aux sergents.

En 1354, le roi d'Angleterre, envoie en Roussillon le vicomte de BENANGES et plusieurs autres chevaliers de son parti, pour tâcher de gagner l'amitié des Seigneurs des divers châteaux du Termenès et de Fenouillèdes, et de porter la guerre sur ces frontières.

Le roi de France, de son côté, dépêche le Comte d'Armagnac, pour maintenir les Seigneurs dans leur devoir.

Les Anglais, gagnent à leur cause Pierre de NICOLAY, gouverneur e TERMES, qui arbore l'étendard rouge et refuse de remettre son château aux ordres du Comte d'Armagnac.

Les Anglais, maîtres du pays, mettent des garnisons anglaises dans la viguerie du Termenès, pour s'opposer aux Aragonais qui y étaient entrés et y avaient fait plusieurs prisonniers.

La sénéchaussée de CARCASSONNE, fut exposée à de grandes déprédations de la part de ces Anglais.

L'état du pays, était tel que en juin 1386, les commissaires royaux chargés de la levée des aides, durent se faire accompagner de TOULOUSE à CARCASSONNE, par le Sénéchal de cette dernière ville, Roger d'Espagne, à la tête d'une troupe d'hommes d'armes.

La guerre du Roussillon, fut très onéreuse pour la province. Les troupes de passage, y commirent de graves dommages.

Les troupes du roi d'Aragon, firent d'importants ravages dans le diocèse d'Alet, dans le Termenès et le pays de Fenouillèdes. En 1474, elles emmenèrent une grande quantité de bétail.

En 1597, le Maréchal de Joyeuse fit, à NARBONNE, l'ouverture des Etats de son département. La séance se tint dans le réfectoire des Cordeliers. Le roi, fut prié de faire réparer les châteaux de QUERIBUS, PEYRPETUSE, PUYLAURENS et TERMES, situés sur la frontière d'Espagne. Ces châteaux, tombaient en ruine. Deux députés du tiers état, furent envoyés à la cour, pour y porter le cahier des doléances.

Henri de BOURCIER de Saint ANNES, Gouverneur de LEUCATE, et de TERMES, se révolta contre le roi.

Cet acte d'indiscipline, devait marquer la fin du château de TERMES.


Liste des Châtelains et Gouverneurs de TERMES.

1220 : BRISCIUS, était châtelain pour Alain de ROUCY
1228 : Robert sans avoir.
1256 - 1259 : Oudard de JONQUIERES, sergent du roi.
1300 - 1301 : Michel de PIAN, chevalier.
1322 - 1349 : Reucy du BOUY, valet du roi.
1349 : Etienne BANITI pourvue la même année.
1350 - 1351 : Philippe de STRIVELLI, damoiseau.
1352 -1357 : Pierre de NICOLAY de LAGRASSE.
1363 - 1368 : Thibaud PELUTI, damoiseau.
1376 : Bonjeau de BRUERIIS.
1376 - 1380 : Etienne de PALATIO.
1393 - 1434 : Noble Jean d' HEROUVAL.
1431 - 1458 : Aymeric d' HEROUVAL, fils du précédent.
1461 - 1483 : Raymond de MANOSQUE, dit Goulard damoiseau.
1483 : Eustache LUILLIER.
1491 - 1498 : Noble Nicolas de BAILLY.
1498 : Guillaume de NARBONNE, seigneur de TALEYRAN.
1520 - 1525 : Noble Antoine le BAR, dit Narbonne.
1532 : Noble Charles de MAIGUES.
1533 : Nicolas ALCOGUER.
1543 : Noble Pierre de MAGE, seigneur de NOUVELLES.
1552- 1556 : Jean d'ARSE.
1563- 1574 : Pierre d'ARSE.
1574 - 1576 : François d'ARSE.
1576 : Jean Pierre de VIC.
1589 : Jean d'ARGENTES, capitaine et viguier.
1620 : Louis de VIC, seigneur de PADERN, capitaine et viguier.
1632 : N. de THEZAN, seigneur de LUC.
1652 : Henri de BOURCIER de Saint ANNES, gouverneur de LEUCATE.
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Viguerie du Termenès et Justice communale

A l'époque seigneuriale, le Conte de TERMES, avait droit sur ces terres de haute, moyenne et basse justice. Ce droit passa au roi lorsque fut détruite la puissance de cette famille.

Après que Olivier de TERMES, eut vendu au roi son château d'AGUILAR, et sa ville de TERMES, le pays Termenois devint, la viguerie du Termenès.

Elle était aussi ancienne que la sénéchaussée de CARCASSONNE, et s'étendait sur les anciennes possessions de TERMES : Le Termenès et les Corbières.

Cette circonscription judiciaire, fut unie dès 1317, à celle, de Fenouillèdes.

Une nouvelle viguerie royale, fut établie à NARBONNE, pour remplacer la viguerie, seigneuriale.

En plus des soixante-quinze paroisses qui formaient cette dernière, la nouvelle engloba, à partir de 1348 : Dix paroisses, prises à la viguerie royale de BEZIERS, vingt-sept à celle du Minervois et cinquante-deux à celle du Termenès.

Guillaume de FLAVACOURT Archevêque d'AUCH et lieutenant du roi en Languedoc, confirma à Toulouse, le 28 octobre 1349 l'établissement à NARBONNE du siège d'un viguier et, d'un juge, royaux.

De ce fait, la viguerie du Termenès était passablement amoindrie. L'Abbé  de Lagrasse, était lui aussi en dehors de cette juridiction.

Le 2 décembre 1379, Charles V  sur la  plainte de l'abbé, demanda au Sénéchal de Carcassonne d'empêcher le Viguier de Fenouillèdes et de Termenès d'obliger les Religieux à venir répondre devant sa Cour, parce que des privilèges leur avaient, été autrefois concédés par les rois de France.

La viguerie du Termenès, faisait partie tout d'abord de la sénéchaussée de CARCASSONNE.

Cette sénéchaussée, comprenait en 1443 : les vigueries de CARCASSONNE, du Cabardès, du Minervois, de BEZIERS, ALBI, GIGNAC, LIMOUX ou du Razès, de NARBONNE, de Fenouillèdes, de Termenès et des Allemans (près de PAMIERS).

Elle dut être rattachée à la Sénéchaussée de Limoux, capitale du Razès, lorsque cette dernière fut créée en juin 1642 par un édit enregistré au Grand Conseil le 8 mars 1643 et au Parlement de Toulouse le 5 février 1655 en vertu de lettres patentes de surannation du 11 septembre 1654.
Le registre des reconnaissances de 1673 dit que les habitants de Termes ressortent du Sénéchal de Limoux et qu'ils font partie de la Viguerie de Termenès, Fenouillèdes, Val de Daigne et Châtellenie de LEUCATE.
Plus tard, les actes des baptêmes, des mariages et des sépultures sont établis, en double, exemplaire sur du papier timbré, paraphé par le Président et Juge Mage, lieutenant général de la Sénéchaussée et siège Présidial de  Limoux, conformément à la déclaration du roi du 9 avril 1736.

La justice, était rendue par des officiers royaux.  Un viguier juge, un lieutenant principal, un procureur du roi et un greffier.  Les propres armes du roi servaient de sceau.

Le greffier, parce que le greffe et les droits appartenaient au roi, rendait compte des émoluments au fermier du roi.

L'ancienne capitale du Termenès ayant perdu un grand nombre d'habitants probablement à la suite de la démolition du château et de la suppression de la garnison. La Cour ordinaire se tenait à Félines, où résidaient les officiers judiciaires. Les prisons elles-mêmes étaient à Félines. Et ce toujours d'après le registre des reconnaissances.

La viguerie, subsistait en 1790. Elle se composait de 12 justices et 130 villages.

Il y avait à Termes un bailli "baille" qui exerçait pour le roi. Il pouvait juger seulement jusqu'à la somme de trois livres dix sols.

En 1673, Termes était un consulat particulier, dépendant de la viguerie de Termenès et Félines.

Il n'y avait que deux consuls. Le premier était nommé par les anciens consuls, le second par la communauté à la pluralité des voix. Ils prêtaient serment devant le viguier juge. Ils ne portaient ni robe, ni chaperon.

Ils n'exerçaient que la simple police dans la ville, pour contrôler les poids, l'annage, les mesures du blé et du vin. Il n'y avait pas de. Greffier.

On avait recours à un notaire, pour régler les affaires particulières. Il n'y avait de sceau que pour les billets de santé.
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Privilèges, droits et obligations.

Les habitants de TERMES, ne dépendaient plus depuis 1210 ou tout au moins depuis 1260 de la juridiction du Seigneur de TERMES. Les Gouverneurs royaux, étaient installés en son lieu et place.

Dès lors, les droits, taxes et impôts étaient dus au roi et payés à ses fermiers.

En 1586, en vertu d'une reconnaissance écrite, les habitants devaient payer un droit de censine au roi pour leurs habitations et leurs terres.

La censine, se payait en la fête de la Toussaint.

Plus tard, en 1626, certains privilèges sont accordés à la population, moyennant une taxe : "Onzième des fruits et ex croissants" en plus de la dîme qui était prélevée par l'Archiprêtre de TERMES.

La taxe onzième se payait au moment de la récolte.

Ces privilèges consistaient : à prendre et couper du bois, établir des fours à chaux, pêcher, chasser, ouvrir et défricher des terres pour les emblaver, dans les domaines du roi et de se servir de la pierre pour l'édification des maisons.

Les habitants, étaient dispensés de payer les droits d'entrée et de mesures.

Ils pouvaient abandonner, quand bon leur semblaient, les terres qu'ils travaillaient dans les friches royales.
Ces divers droits, reconnus en 1626, sont également spécifiés dans l'hommage que les habitants de TERMES, rendirent au Roi en la personne des Trésoriers payeurs généraux de la province de TOULOUSE le 5 mars 1667.

A cette occasion, il est reconnu que TERMES, n'a pas de four banal et que chaque habitant a le droit de posséder un four particulier. C'est usage, c'est perpétué, jusqu'au début du XXème siècle.

Avant la guerre de 1914 - 1918, les habitants, pétrissaient et cuisaient leur pain eux-mêmes.
Depuis la mise en service et la multiplication des automobiles, les boulangers de MOUTHOUMET et LAGRASSE, apportant du pain ; les emblavures ne se faisant plus et les maisons devenant intérieurement de plus en plus coquette, les fours ont été pour la plupart démolis.

Le pouvoir royal, voulait connaître tous ses droits. Le plus sur moyen, était d'établir le "papier terrier", précurseur de notre cadastre actuel.

Pour ce faire, il délégua des Commissaires spéciaux dans la province du Languedoc et ressort de la Cour des Comptes aides et finances de MONTPELLIER.

Ces commissaires, furent paraître le 5 août 1667, une ordonnance prescrivant aux Consuls et communautés, aussi bien qu'aux Procureurs dûment fondés, de répondre aux interrogations qui leur seraient faites, au sujet des droits de justice et autres droits domaniaux.

Elle leur enjoignait, en même temps, de faire connaître le détail de leurs possessions et des redevances dont ils devaient s'acquitter.

En 1673, Bernard RIVIERE, avocat au parlement, fut subdélégué, pour la "Confection du papier terrier, dans l'estendue de la Viguerie de Termenès et Félines".

Il se rendit à TERMES le 1er novembre de cette même année en compagnie de monsieur Pierre LAPEYRADE, substitut du Procureur général et de Monsieur Bernard MANHIAVEL son greffier.

Ils se rencontrèrent et prirent contact avec André BERARD baille du dit lieu, Jean RICHARD, dit grand et Jean BUSQUET consuls.

Le 3 novembre, un bon nombre d'habitants, répondant à la convocation, allaient satisfaire aux questions posées et faire établir par écrit la reconnaissance de leurs biens et les redevances qu'ils devaient payer. Antoine GUIZARD, fut le premier à se présenter devant ces messieurs de fisc.

Il est d'abord reconnu, que seul le Roi, jouit et possède toute justice : Haute, moyenne et basse.

Au Roi seul reviennent les droits de " Lodz et des ventes ", les droits de sang et autres droits seigneuriaux. Noble Jean DEGRAVE, Seigneur de DURFORT, prend lui aussi, sa part sur la censine et des taxes sur certaines pièces de terre.

La justice est exercée au nom de Sa Majesté, comme il a été dit au chapitre précédent.

L'amende pour "espenchement de sang" est de trois livres et dix sols payable au Roi ou à son fermier.

En cas de crime, et de condamnation, les biens confisqués appartiennent au Roi.

Moyennant une censine annuelle de sept sols, les habitants de TERMES ont la permission de faire paître le gros bétail sur le tènement de la Devèze, autrement dit "Camp d'Aveilla et Tarfanel". Ils peuvent en ce même lieu couper du bois pour leur provision et usage. Ils ne peuvent y ouvrir et exploiter aucune terre, sous peine d'un droit de trois livres dix sols, payable moitié au Roi, moitié à la ville de TERMES.
Le bétail gros et menu, peut être conduit dans sept "Assepts" différents : A Costeraste, Serre farnouze, au roc de Nitable, à Peyre fouguière, au col de Las Seilles, à roque brune et enfin as Calmis. Pour ce privilège, il est payé au Roi un droit de deux deniers par pâturage, soit en tout 14 deniers.

Pour trente sols par an, ils ont le droit de faire paître et manger les herbages Silvestre sur tout le territoire de TERMES et de Creuille.

Les privilèges accordés en 1626, sont tous reconnus et confirmés, ainsi que les taxes afférentes.

Les étrangers, n'ont pas le droit de faire paître leur bétail, gros ou menu sur le territoire de TERMES. S'ils sont surpris, ils payeront une somme de trois livres et dix sols, moitié au Roi, moitié à la ville, une amande de 10 sols au baille du lieu et cinq sols à chacun de ses compagnons assistants.

Pour le Lodz, et les ventes, il est payé un sixième denier, plus le foriscapion.

Les fours, sont régis par les hommages du Roi de 1626 et 1667.

Il n'existe dans TERMES, aucune forge ni bannière, ni particulière.

Il n'y a pas de moulin banal. Mais il existe deux moulins particuliers, situés tous les deux sur le Sou. L'un à l'intérieur du village, l'autre en aval au lieu dit La buade.

Il n'existe pas non plus, de leude, de péage, de droits sur les poids et mesures, boucheries et bans aux halles. Pas de droit de "Pontanéage", d'entrée et de sortie pour les denrées, marchandises et bétail à pied fourchu.

Les habitants, ont le droit de chasser et de pêcher, comme il le fut reconnu en 1626. Ils pensent avoir le droit d'ériger des tours et des pigeonniers. Mais ils ne croient pas avoir la permission d'avoir des garennes et des viviers.

L'unité des mesures de surfaces, est l'arpent ou céterée. C'est-à-dire 36 cannes carrées.

L'unité de poids, est le quintal de cent livres. L'aunage vaut quatre pans, mesure de NARBONNE.

Pour le blé et le vin, on se sert des mesures de TOULOUSE, mesure du Comte Raymond.

Il est bon d'ouvrir ici, une parenthèse, afin d'établir, la corrélation qui existe à TERMES, entre les mesures pour le blé et les mesures de surface, telle qu'elle apparaît après l'étude des divers actes datant de cette époque.
Nous constaterons en même temps, la pauvreté du vocabulaire, puisqu'on emploie les mêmes termes, à peine déformés pour signifier, soit une mesure de volume, soit une mesure de surface.

La mesure de volume pour le blé, était le setier, qui correspond de nos jours à 80 litres. Les sous multiples du setier sont :
Le quartière, qui correspond à un quart de setier.
La punière, qui correspond à un seizième de setier.
Le coup, tant qu'à lui vaut un quarantième de setier.

Pour les unités de mesures agraires, nous avons d'après l'enquête de 1673, l'arpent ou céterée contenant en général dans les 3000 mètres de superficie. Les sous multiples de céterée, que nous trouvons dans les divers actes, sont : La carterée, la puniérée et le coup.

Il faut donc croire, que la proportion des mesures agraires était la même que la proportion des mesures de volume, puisque les sous multiples sont les mêmes.

Les propriétaires, nous l'avons vu, payaient à diverses époques de l'année, des droits et des taxes pour leur divers biens fonciers, pour les privilèges, qu'ils avaient obtenus du Roi. Ces droits, étaient la censine, la taxe du onzième "Des fruits et des excroissants" et la dîme.

La censine, était ordinairement évaluée en livres, sols et deniers.

La taxe onzième des fruits et aussi la demi taxe et quart de taxe, se payaient en setiers, quartières, punières et coups.

On payait aussi en "Gélines". Il n'est pas rare de trouver dans les actes, que telle ou telle pièce de terre, est imposée d'une géline, demi géline, quart de géline ou huitième de géline.

Le mot géline, vient de la traduction du mot latin gallina, poule.

Exemple : Une terre, était louée pour une poule par an. Si cette terre, était morcelée, la poule elle même était morcelée. De sorte que chaque parcelle, était imposée d'une fraction de poule. Un demi, un quart, un huitième etc., correspondant, à la surface de la parcelle.

Il fallait que le propriétaire terrien, qui avait primitivement loué sa terre pour une poule, reçoive chaque année la poule convenue.

Il suffisait que les sous locataires, s'entendent entre eux et donnent chacun leur tour une poule tous les deux, quatre ou huit ans. Ainsi, était sauvegardée la clause du premier contrat.

Le 15 juin 1679, une nouvelle commission, se rend à TERMES, pour établir la classification des terres, vignes et oliveraies et pour fixer la valeur de la céterée de terre, de vigne ou d'oliveraie, suivant sa classification.

Toutes les terres, sont classées en : Très bonnes, bonnes, médiocres, faibles et très faibles.

La céterée de bonne terre arrosable, est estimée à 90 livres.
La très bonne terre, cent livres.
La bonne terre, arrosable et labourable située dans un certain tènement 48 livres.
En dehors de ce tènement, 36 livres.
La terre de médiocre condition, 18 livres.
La terre faible, six livres.
La terre très faible, 3 livres.

La céterée de terre non arrosable est estimée 48 livres et ainsi en proportion de sa classification.

La céterée de terre et vigne bonne, bien complantée et "Vinnée" (en plein rendement) 90 livres.
La très bonne, cent livres.
La médiocre, bien complantée et "Vinnée", 50 livres.
La faible 25 livres
La très faible 12 livres.

E parce que, dans le dit lieu de TERMES, la plupart des vignes, sont fort vieilles, celles qui se trouveront en cet état, seront estimées moitié prix, suivant la qualité de la terre.

La céterée de terre complantée d'oliviers, sera estimée 48 livres, le prix diminuant en proportion de la classification de la terre.

Les prud'hommes, devront estimer les maisons, couverts, patus servant de bergeries, courtal etc. , en tenant compte de leur assiette, contenance, commodités et profits. Il en sera de même pour les deux moulins.

La communauté de TERMES, devra donner trente sols par jour à chacun des deux prud'hommes et vingt sols à l'indicateur, chaque fois qu'ils travailleront au renouvellement et à la confection du nouveaux compoix.

Le 15 septembre, ce nouveau compoix est accepté par la communauté.

Après avoir été mis au net, il est envoyé à l'approbation de la cour souveraine des Comptes aides et finances de MONTPELLIER, le 19 mai 1681, qui le renvoi après homologation.

Les terres et immeubles imposables, sont l'objet d'un registre spécial en 1791.

Le nouveau cadastre, lui porte la date du 17 janvier 1827.

En 1847, on établit le rôle des terres communales, usurpées par divers individus dans l'étendue du territoire de la commune de TERMES, en vertu d'une délibération du Conseil municipal de la dite commune en date du 7 février 1847.
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L'église

Il est mentionné, que les villageois de TERMES, avaient, pour leur usage personnel, une église.

Nous nous posons cette question : Quelle est la date de l'Eglise actuelle ? Il n'y a pas de doute, elle a été construite après 1163.

L'église est sous le vocable de la Nativité de Notre Dame et de Saint Ferréol.

Elle est de style roman. Certaines personnes qui l'ont visitée en sont revenues avec cette idée qu'elle était gothique. Grave erreur ! Elles ont pris les arcs brisés romans, pour des arcs gothiques ou ogives.

Nous savons que à l'époque romane et plus exactement à partir du XIIème siècle, l'arc brisé a fait son apparition en France et a remplacé dans beaucoup d'édifices l'arc en plein cintre :

L'arc brisé, est un arc en pointe auquel certains donnent bien à tord le nom d'ogive. Ogive, ne désigne pas l'arc brisé, et l'arc brisé ne distingue pas le gothique.
"L'avantage de cet arc est de donner plus de solidité et de stabilité que le plein cintre."

L'église de TERMES, est de plan non basilical. Comme toutes les églises peu importantes de l'époque, elle a une seule nef rectangulaire sans abside et sans transept.

Elle mesure extérieurement 22 mètres de long, sur 9 mètres de large.

On orientation est celle de toutes les églises. Le chevet ou la tête de l'édifice est dirigé vers le levant. Cette pratique, considérée comme superstitieuse par le Pape Saint Léon, fut adoptée définitivement à partir du VIIIème siècle.

Les murs, ont un mètre d'épaisseur. Ils sont formés de deux parements en pierre, gros et moyen appareil régulier. Ils sont encadrés aux angles dans les chaînes de gros appareil sans profondeur : des carreaux. Tout ce matériel est monté avec interposition de mortier, de sorte que l'église, forme une masse inerte que l'on peut assimiler à un monolithe évidé, qui a pu résister au temps.

La voûte de l'édifice est un berceau pointue ou mieux en arc brisé, arc en tiers pont.
L'extrados est parallèle à l'intrados. L'arc brisé est bandé par trois doubleaux, qui constituent autant de nervures saillantes sous l'intrados et forment quatre travées :

L'église de TERMES, a donc été construite par un architecte qui était au courant des progrès de son art.

Les doubleaux, ont cinquante centimètres de large sur vingt huit d'épaisseur. Ils sont bruts et sans moulures, distants entre eux de 4,50 mètres. La longueur intérieure de l'église est de 20 mètres.

A la partie supérieure du mur intérieur, sur les deux longs côtés du rectangle, court une petite corniche ou plutôt une cimaise, formée par un quart de rond. C'est là le point de départ de la voûte.

La voûte, est si solidement bâtie qu'elle ne repose sur aucune charpente. Elle est aussi d'une parfaite étanchéité. Elle porte directement la toiture qui s'adapte et fait corps avec sa pente.

Les bords du toit sont formés de grandes laves, pierre plate à recouvrement. Elles viennent reposer sur une corniche. Pour le reste de la toiture, on a imité les constructeurs Byzantins et Romains, qui en Orient et même dans le Midi de la France, plaçaient à même sur la voûte et sur un garni de maçonnerie, des tuiles creuses posées alternativement dans un sens et dans l'autre et s'emboîtant : Ce genre de couverture, était employé dans le Mâconnais, Le Forez, Le Velay, Le Limousin, La Gascogne, Le Languedoc Les Pyrénées et régions voisines.

Les arêtes du toit, sont protégées par des tuiles creuses, tuiles faîtières, jointoyées avec du mortier. Elles garantissent la voûte contre toute infiltration.

A l'extrados, l'édifice est couronné par une corniche romane, composée de tablettes saillantes, juxtaposées les unes aux autres et reposant sur des corbelets, de même style que la corniche intérieure, c'est à dire des quarts de rond. Son rôle purement protecteur est celui du larmier. Elle rejette loin du mur les eaux de pluie.

Le clocher, était primitivement un clocher à arcade, composé d'un simple pan de mur percé de deux baies superposée. Il était la continuation et le couronnement du mur ouest de l'édifice. Il est facile de se rendre compte de ce détail par le matériel qui a servi à le construire, c'est le même que celui de l'église.

Plus tard, voulant sans doute mettre les cloches sous abri et donner plus de résonance, on l'a transformé en une petite cour carrée, à cheval dans l'axe de la voûte. Cette tour a reçu une toiture sur charpente, couverte de tuiles creuses. Son toit, est en bâtière, comme presque toutes les tours depuis l'antiquité.

La façade ouest, comme il est dit ci-dessus, est percée de deux fenêtres à plein cintre superposées. Les trois autres façades, ont chacune une fenêtre du même style.

Ce clocher, est sans communication avec l'intérieur. On ne peut y accéder que par la toiture de l'église. Si la tour, avait été construite en même temps que l'église, il est probable qu'on aurait ménagé un accès quelconque pour y aboutir, parce que à l'époque de la construction, au temps des seigneurs, elle aurait pu servir d'observatoire.

L'église, prenait le jour par des fenêtres rectangulaires et vitrées qui mesuraient, au dire de certaines personnes contemporaines de leur transformation, un mètre ou un mètre vingt de hauteur sur vingt centimètres de largeur. Il y en avait, probablement deux sur le côté sud et une sur le nord. Le côté nord de l'église, était primitivement adossé au flanc de la colline. Depuis, il a été dégagé par une sorte d'encoule.

Deux autres ouvertures, grossièrement fermées aujourd'hui, existent à l'ouest et à l'est. Elles nous donnent une idée, de ce qu'étaient les autres fenêtres qui on été vers 1870, maladroitement agrandies.

L'ouverture de l'est, située devant l'autel et lui donnant jour, était à plein cintre avec ébrasement extérieur, celle de l'ouest avait la forme d'une archère avec ébrasement intérieur.

La porte, se trouvait ouverte sur le côté sud, à environ cinq mètres de l'angle ouest sud. Elle était à plein cintre et protégée par un porche. Dans les premiers siècles, l'église, était ordinairement précédée d'un atrium, cour ou préau, entouré de portiques. On y pratiquait l'ablution du visage, des mains et des pieds avant d'entrer dans le lieu saint. De plus il isolait l'église de la voie publique.

Plus tard, lorsque les édifices du culte furent construits au centre des agglomérations, il fallut économiser le terrain, alors l'atrium se réduisit à une galerie, c'est-à-dire à un porche.

Le porche consistait en un rez-de-chaussée, couvert d'un toit à deux rampants qui s'appliquait à la façade et était soutenu aux deux angles extrêmes par des piliers en maçonnerie. Les deux rampants étaient protégés par des tuiles creuses.

Ce porche a été supprimé vers 1870. La porte a été transférée, à la même époque, sur le côté ouest. Elle fait actuellement, face au chevet de l'église.

A la place de la porte, on a ouvert une fenêtre. Il est à remarquer que la porte est à plein cintre, tandis que les fenêtres retouchées, par une sorte d'hérésie, ont pris la forme de la voûte du berceau.

Les Archiprêtres de TERMES.

TERMES, dépendaient au spirituel, de l'archevêché de NARBONNE. Il avait le titre d'Archiprêtré. Après la suppression de l'Archevêché de NARBONNE le 29 novembre 1801, il fut rattaché à l'Evêché de CARCASONNE et devint une simple paroisse.

Depuis quand TERMES, était il archiprêtré ? Le Chanoine SABARTHES, dans son dictionnaire topographique de l'Aude, mentionne un : "Archiprebyter Termonorum", en 1257.

Les noms de trois archiprêtres du Termenès au XIVème siècle nous sont révélés par le bullaire de Clément VI :

Pétrus de BOLBESTRINO, in artibus et médicina magister, qui le 28 septembre 1344, reçoit une bulle de Clément VI.

Arnaldus de PINU, en faveur de qui Pétrus de BOLBESTRINO avait résigné son bénéfice, est archiprêtre du Termenès le 14 mai 1347.

Guillelmus de ARGUENOSSIO, nommé par le Pape, remplace le précédent le 11 octobre 1348.

Les documents, faisant défaut, nous ignorons les noms des archiprêtres jusqu'au XVIIème siècle. Nous avons alors la liste complète suivante :

MOULINES : 1653

CATHELAN : 1673

LANDES Guillaume : 1689 - 1707. Un Archiprêtre, qui ne se contentait pas du denier du culte pour vivre. Il s'était spécialisé dans la gazaille.

LINAN : 1707 - 1737

GIRAL Pierre : 1738 - 11 03 1749

GRAFFAN François : 1749 - 7 11 1760

PARRASSE Charles : 1760- 1779

GERMAIN : 1779 - 1781

BAX : 1781 - 1 10 1786, 49 ans.

TISSEYRE Jean : Arrivé à Termes depuis 1786, il succède à BAX archiprêtre décédé le 01 10 de la même année. Il prête le serment constitutionnel et décède le 25 07 1791, âgé de 81 ans.

REULET Jean Louis : Né le 07 07 1755, curé de VIGNEVIEILLE et aussi de Termes de 1791 à 1792, succédant à TISSEYRE décédé, prête le serment de 1790. Il dût le rétracter, puisqu'il est déporté et qu'une correspondance entre les deux frères a été saisie par la police. A sa rentrée, il réintègre sa paroisse où Mgr de La porte le laisse.
Il décède à VIGNEVIEILLE le 12 janvier 1827. Son frère Jean né en 1744, curé de MAIRONNES et saint Martin des Puits, était paraît-il devenu riche par la gazaille.

CORNARY Jean Pierre : Né le 22 10 1752, après avoir été vicaire à TUCHAN, il est curé de FELINES et prête le serment de 1790. Curé intrus de TERMES de 1792 à 1794, il est relevé des censures le 21 03 1796. Il prête tous les serments et devient secrétaire de l'administration du canton sous le directoire. Au concordat, il est maintenu dans sa paroisse bien que l'évêque déclara plus tard : "Il faut absolument le changer" Mais il se vit obliger de l'y laisser.

CARLES Joseph : Né le 26 12 1754, vicaire à FOURNE, annexe des ILHES, prête le serment de 1790. Elu curé de TAURIZE, il est aussi intrus à VILLETRITOULS et à TALAIRAN. Il abdique pendant la Terreur en 1797. Il fit des démarches pour se rétracter, mais il retomba dans le schisme après le 18 fructidor, et alla, s'intruser à TERMES en 1798 pour ne se relever qu'en 1800. Il va être successivement nommé, après le Concordat, curé de PALAJA en 1803, puis de TAURIZE et de TALAIRAN enfin de TERMES, où il décède le 19 02 1823.


Liste des paroisses de l'Archiprêtré du Termenès, dont TERMES est le chef lieu.

Deux documents, nous donnent les noms des paroisses de l'Archiprêtré du Termenès sur lesquelles, s'étendait la juridiction de l'Archiprêtre de TERMES.

Le premier de ces documents se trouvant aux archives du VATICAN, tiré d'un compte de décime, porte la date de 1351.

Le second est plus récent, il date de 1706. Il nous est fourni par : "L'Estat des églises du diocèse de NARBONNE" 

Archipresbiteratus Terminesii
D'après un compte de décime de l'année 1351.

Archipresbiteratus Terminesii cum ecclésia de Termis.
Rector de Rupo de Fano : LAROQUE de FA
Rector de Darna et Collecta : DERNACEUILLETTE
Rector de Massaco : MASSAC
Rector de Novellis : NOUVELLES
Rector de Villa Rubea : VILLEROUGE
Rector de Felinis : FELINES
Rector de Palayraco : PALAIRAC
Rector de Auriaco : AURIAC
Rector de Duroforti : DURFORT
Rector de Solagio : SOULATGE
Rector de quintilhano : QUINTILLAN
Rector de Petrapertuza et Dulhaco : PEYREPERTUSE et DUILHAC
Rector de Equabus : EGUES
Rector de Salsano : SALZA
Rector de Layreria : LAIRIERE
Rector de Carcassessio : CARCASSES
Prior de Sti Martini de Puteo : Saint Martin des PUITS
Idem pro ecclésia de Mayronis : MAIRONNES
Rector de Alberiis : ALBIERES
Rector et vicarius de Tuyssano (sinecura) : TUCHAN
Rector de Cubeiria : CUBIERE
Rector de daviano : DAVEJEAN
Rector de Fausta : FASTE
Rector de Alanheto : LANET
Prepositus et Vicarius de Padernis : PADERN
Rector de dompnova : DOMNEUVE
Rector de Montegalhardo : MONTGAILLARD
Rector de Monte Jocundo : MONTJOI
Vicarius de Padullis : PADERN
Rector de Vinea veteri : VIGNEVIEILLE
Rector de Motometo : MOUTHOUMET
Rector de Cugunhano : CUCUGNAN
Rector de Buxa : BOUISSE


Archiprêtré du Termenès, Chef lieu : TERMES
D'après l'Etat des églises du diocèse de NARBONNE en 1706.


ALBIERES, AURIAC, BOUISSE, La CAUNETTE, CUBIERES, CUCUGNAN, DAVEJEAN, DERNACEUILLETTE, DUILHAC, DURFORT, FASTE, FELINES, PAZIOLS, QUINTILLAN, St. MARTIN des PUITS, SALZA, SOULATGE, FOURTOU, LAIRIERE, LANET, LAROQUE de FA, MAISONS, MASSAC, MONTGAILLARD, MONTJOI, MOUTHOUMET, NOUVELLES, PADERN, PALAIRAC, TAUTAVEL (66), TUCHAN, VIGNEVIEILLE, VILLEROUGE, VINGRAU (66).
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La vie rurale

Le village de TERMES, situé en pleines Corbières, sans routes, pour sortir, sans moyens de transports, était obligé de se suffire en toutes choses.

La terre, n'était pas morcelée, comme elle l'est aujourd'hui.

D'abord les Seigneurs, en furent les maîtres. Plus tard, les rois de France. Au XIXème siècle, une famille, possédait la plus grande partie du territoire.

TERMES, avait été vendu au roi en 1260. Les Veyes, dont un descendant, était en 1673 chanoine régulier de la Métropole de NARBONNE, acquirent TERMES en 1637.

Les habitants, étaient dans l'obligation de travailler pour le Maître du pays, d'aller à la journée, parce que les quelques petits lopins e terre qu'ils possédaient ou qu'ils avaient usurpés ne suffisaient pas à les faire vivre.

Une femme, gagnait 18 sous par jour. Elle partait à FELINES, situé à dix kilomètres, faisait sa journée et rentrait le soir chez elle.

Un homme lui gagnait 40 sous, cinq francs avec une bête.

Cependant, TERMES comptait plus d'habitants alors, qu'il n'en a aujourd'hui.

Les hommes, étaient rudes au travail ; Leur corps était habitué aux fatigues et aux privations de toutes sortes.

Ils se levaient grand matin : A la pointe du jour, ils étaient déjà aux champs. Quelques fois même, ils y étaient avant et se voyaient forcés d'attendre l'aube pour se mettre à l'œuvre. Le soir, ils se retiraient très tard. Lorsque le travail pressait ou qu'il était urgent de rentrer la récolte, principalement les céréales, ils peinaient encore au clair de lune. Nous étions loin des 40 heures !!!

Leur nourriture, était presque végétarienne. On ne s'en portait pas plus mal. Quelques tranches de jambon et quelques morceaux de salé, donnaient un peu de goût aux légumes. Le produit de la chasse et de la pêche, venait agrémenter et améliorer ces repas de cénobites. On ne mangeait de la viande de boucherie, que pour la fête locale. A cette occasion, un boucher venait tuer un bœuf ou une vache dans le village. Toute la bête était débitée et vendue.

C'est que la fête locale, réunissait un grand nombre de parents, amis et connaissances, venus de tous les villages d'alentour. On fraternisait davantage. Il y avait, moins de jalousie, moins d'orgueil et moins de morgue !
Avant de partir au travail, le matin on mangeait la soupe en famille. La cuisinière, ne faisait pas souvent la grasse matinée. Une soupe aux choux ou d'autres légumes, suivant la saison, cela réchauffait et tenait les estomacs.
Le café, le chocolat ou autres raffinements de la bouche, étaient inconnus et trop dispendieux. On prenait le repas au milieu du jour, sur le lieu du travail. Le soir, la femme quittait le champ un peu plus tôt pour prépare une soupe qui réconfortait toute la famille.

Les enfants, qui allaient à l'école restaient seuls dans le village et mangeaient à midi. Un chanteau de pain et un morceau de jambon de saucisson ou de fromage. Aussi le soir, il ne rechignait pas devant une assiette de soupe ou un plat de haricots.

Outre sa journée de travail, la femme, à la veillée ou de grand matin, faisait son ménage : Elle pétrissait et cuisait le pain "Fasio al four" pour huit ou dix jours. Il n'y avait pas de boulangers dans les environs. A la veillée aussi, elle entretenait le linge de la famille où elle tricotait, ce qui n'était guère facile. L'électricité, n'était pas connue et les lampes à pétrole non plus.

On s'éclairait autrefois, avec des "sécaillous". C'étaient des éclats de bois ou de petits bâtonnets de buis bien sec. On les allumait au foyer. Lorsque la femme, voulait coudre, le mari tenait le sécaillou allumé, dans ses doigts, tout près et aussi près que possible, pour éclairer l'ouvrage. Chaque fois que le sécaillou, s'éteignait, et c'était souvent, il li rallumait au foyer. Cela durait toute la soirée. Fallait-il de la patience au mari, comme à la femme.

Il y avait aussi les "Huquets", morceaux de joncs bien secs, dont le bout était garni de soufre. Ils servaient d'allumettes.

Vinrent ensuite les "Estudals". C'était, une sorte de queue de rat comme en ont les sacristains dans nos églises, pour allumer les cierges haut placés. L'estudal, était faite avec trois ou quatre fils de coton trempés dans la cire d'abeille. On le mettait en pelote et on le déroulait à mesure qu'il se consumait.

Plus près de nous, nous trouvons le "Calheil", qui se garnissait avec de l'huile et qu'on suspendait dans la cheminée, à cause de la fumée qui s'en dégageait.
Pour poser sur la table, il y avait la lampe pompe en étain, qui se garnissait également avec de l'huile. Il fallait, de temps en temps, pomper l'huile pour la faire monter jusqu'à la mèche.

Nous avons connus les chandelles de suif, qui ont précédé les bougies actuelles.

Avec le pétrole, on employait la petite lampe pigeon, qu'on suspendait dans la cheminée, puis la lampe avec un verre.

Pour sortir dans la rue, ou pour aller dans les dépendances extérieures de la maison, on utilisait la petite lampe carrée : "La Calelho", garnie d'huile ou d'un bout de bougie. Il y eu ensuite la lampe tempête.

On se réunissait le soir en hiver, tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, pour passer la veillée.

Un grand feu de bois brûlait dans la cheminée, et si l'appartement, n'était guère éclairé, les sentiments d'amitié et d'affection, n'en étaient que plus vifs et plus intimes.

Jamais aucun pauvre, aucun malheureux n'était délaissé, abandonné à son triste sort. On se serait plutôt privé du nécessaire, pour lui porter secours.

C'était une vraie vie familiale que vivaient tous les habitants.

Les bêtes de somme, principalement des ânes et des mulets, étaient nourries avec de la paille, des sarments tendres, de la ramille.

On gardait le peu de fourrage que l'on avait, pour les gros travaux de gerboyage et du dépiquage, parce que les bêtes peinaient davantage et qu'elles avaient besoin d'une nourriture substantielle.

Dans chaque maison, même la plus pauvre, on trouvait les bêtes domestiques et les volailles qui étaient nécessaires pour les besoins de l'année.

De nombreuses familles, avaient un troupeau de brebis. Dans chaque troupeau, se trouvait "la brebis de l'église" dont le revenu : Laines et agneaux, appartenait à la fabrique et servait pour le culte.

Chaque famille, avait une ou deux chèvres qui fournissaient le lait et le fromage : Fromage frais qui se consommait au fur et à mesure de sa confection, et fromage fort, qu'on conservait dans des pots de terre d'une année sur l'autre.

Les porcs, garnissaient les porcheries, les volailles les poulaillers, les lapins les clapiers.

On faisait également des provisions, de grains, de farine, de pommes de terre, de haricote etc.

Les jardins potagers fournissaient les légumes verts.
Les jardins, qui demandent beaucoup d'eau en été, surtout dans nos terrains schisteux qui ne conservent pas l'humidité, peuvent s'arroser facilement. L'ingéniosité de l'homme, a supplée à cette aridité naturelle.

Les jardins sont situés dans la vallée en amont du village, tout le long de la rivière, qui coule en contre bas. Les propriétaires, pour plus de commodité, ont creusé des canaux d'arrosage, qui passent à la partie supérieure du jardin. Ils prennent l'eau de la rivière, quelquefois assez loin, pour que suivant la pente du terrain, elle coule d'elle-même sans l'aide d'une pompe.

En face de chaque jardin, se trouve une vanne de décharge "Respalmo" qui s'ouvre pour laisser passer l'eau nécessaire et que l'on referme ensuite. Il y a ainsi plusieurs canaux, de chaque coté du Sou, depuis les gorges de Coyne Pont jusqu'à TERMES.
Outre les jardins, on arrose aussi certains autres champs et les fourrages. L'un de ses canaux, n'est autre que le bief qui dessert le moulin, situé dans le village. Il mesure 800 mètres de long. Le moulin de la Buade, est situé à deux kilomètres 600 en aval est lui aussi mu par l'eau d'un pareil bief.

  Ces canaux d'arrosage, sont très anciens puisque le registre des classifications des terres de 1679 - 1681 parle de terres arrosables. Cette opération, ne pouvait pas se faire autrement que par le moyen de ces canalisations.

Le bois, ne manquait pas pour les jours de froid et pour l'hiver.

L'essence principale est le chêne vert "Ausino". Quelques chênes blancs "Garrics" au bord de la rivière et le long des ruisseaux et des ravins, quelques saules "Sauzés" et quelques peupliers "Pibouls", fournissent les ramilles, que l'on donnent aux chèvres et aux brebis, quand le mauvais temps ne permet pas de les mener paître au dehors.

Il n'y avait pas autrefois, l'abondance et l'aisance que l'on a aujourd'hui.

Cependant, on vivait heureux.
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Les transports

Jusqu'au milieu du XIXème siècle, les routes n'existaient pas. Quelques chemins reliaient les villages entre eux.

Les charrettes et les voitures, n'étaient pas connues. Quelques vieux disent encore : Un tel a possédé le premier chariot dans le village, vers 1867 - 1868.

Alors ?... Alors, on s'en allait à pied, à dos d'âne ou de mulet. On n'hésitait pas à entreprendre de grandes courses, lorsque le besoin s'en faisait sentir.

On allait, par exemple aux foires à LIMOUX, faire certains achats. Les marchands ne venaient pas tous les jours ou presque comme il le font actuellement. Il fallait donc se déranger soi même.

Le départ, avait lieu ordinairement aux environs de minuit. Quelques fois en passant à VIGNVIEILLE, on trouvait un compagnon. On cheminait ensemble, par LAIRIERE, La CAUNETTE sur LAUQUET, La SOULANE, BUC, Saint POLYCARPE et on arrivait à LIMOUX, distante d'une quarantaine de kilomètres. Vers les huit heures du matin.

La première chose, était de se restaurer. On en avait grand besoin. Puis chacun, vaquait à ses affaires et faisait ses emplettes. On repartait à quatre heures de l'après midi, avec presque toujours, une charge plus ou moins lourde sur les épaules.

Avant d'arriver à TERMES, il fallait traverser le ruisseau de Caulière, il n'y avait pas de pont. Pour franchir plus facilement ce passage et pour que le pied ne manquât pas sur les pierres disposées à cet effet "Las espassièros", on allumait un bout de bougie que l'on trouvait dans sa poche, ou une lanterne qui avait déjà servi à l'aller et qu'on avait cachée dans un buisson. On éteignait la lumière immédiatement après le passage, afin de l'économiser. Il était : Minuit une heure, deux heures du matin, quand on franchissait le seuil de la maison.

L'âne et le mulet, étaient les deux bêtes qu'il fallait dans le pays à cause de la sûreté de leurs pieds et de leur tempérance. Ils n'avaient pas besoin de soins particuliers et de cette nourriture délicate, qu'exigent les chevaux. Ils se contentent de l'herbe qui croît le long des chemins, au bord de la rivière, à l'orée des bois, tandis que le Maître travaille. Ils sont rudes et supportent plus facilement la privation.

L'âne à cette époque, était la monture favorite du pauvre.

On portait à LAGRASSE, c'est-à-dire à vingt kilomètres, une ânée de bois, charge de 70 à 80 kilos, rarement 100 kilos, que l'on vendait 35 ou 40 sous.

Plus tard, vers 1867 - 1868, lorsque le tronçon de route en amont de TERMES, fut ouvert pour rejoindre la route départementale au col de Bedos, on vit apparaître les premiers chariots. Alors on porta le bois jusqu'à NARBONNE ou La NOUVELLE, 55 ou 60 kilomètres de distance. On chargeait une vingtaine de quintaux : Le quintal de 50 kilos. Ce bois vendu sur la place publique, se vendait 1,50 Frs ou 1,75 Frs le quintal.

Il fallait au moins deux jours pour l'aller et le retour. Si le bois était vendu à La NOUVELLE, on rapportait un sac de sel marin pour l'épicier.

L'épicier, lui allait à PERPIGNAN, 75 kilomètres à dos de mulet, acheter un bidon de 20 ou 25 litres d'huile ou de pétrole.
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Sentiments religieux

L'homme est par essence, une créature religieuse qui croit en un Etre suprême ou à d'autres puissances invisibles, souvent mal définies dans sa pensée. Ainsi on aura recours à certaines puissances pour obtenir des faveurs. On lancera une oraison jaculatoire ou bien on dira une parole, on criera une imprécation : "Qué le diablé t'emporté !", "Qué lé foc dal cel té crémasse !" On fera un geste, une action : "Jitta un sort", pour attirer le mal sur une personne ou sur ces ennemis.

Cette question, est trop sérieuse, trop ardue et elle dépasse les bornes et les limites d'une petite enquête locale, pour être traitée avec l'ampleur qu'elle mérite.

Nous nous contentons de rapporter ici, ce que nous avons observé, sans le critiquer.

Le sentiment religieux des habitants du Termenès se manifestait par des pratiques organisées, ou encore par des prières ou des actes individuels.

A TERMES, dans la vallée qui remonte sa rivière le Sou, avant d'arriver aux gorges pittoresques et sauvages de Coyne Pont, se trouve une petite chapelle champêtre dédiée à Saint André.

Il y avait autrefois, dans cette chapelle, la statue, grossièrement taillée dans le bois, de Saint André. Elle a disparu depuis, sans que personne puisse dire où elle est passée.

Lorsque la sécheresse, se faisait trop sentir, les habitants de TERMES organisaient une procession à Saint André. Ils prenaient la statue et allaient la tremper dans l'eau de la rivière. Puis toute mouillée et encore dégoulinante, ils la remettaient en place.

La pluie, au dire des gens, tombait aussitôt ou ne tardait.

Encore de nos jours, en temps de sécheresse, les gens on coutume de dire : 
Il faudra faire la procession à Saint André. "Nous caldra ana a Sant Andriù".

A VIGNEVIEILLE, ce joli petit village, construit dans la vallée de l'Orbieu, que connaissent bien les pêcheurs et les chasseurs, il est édifié au pied de ce pic de "Berlès" : "Si Berlès èro estat aygalès, lé castel de Termes sario pas déjount ès".

A VIGNEVIEILLE donc on dit en temps de grosse sécheresse : Il faudra aller en procession à Saint Félix. Une chapelle dédiée à ce Saint, démolie depuis la révolution ou tombée en ruines faute d'entretien, existait sur le vieux chemin qui conduit de VIGNEVIEILLE à TERMES. Le tènement de Saint Félix existe toujours.

LAIRIERE, petit village du canton de MOUTHOUMET, était autrefois bâti en amphithéâtre, à flanc de coteau et à mi côte à l'endroit même où il se trouve encore. Depuis que la route de DURBAN à LIMOUX a été construite et depuis que les villages des Corbières se dépeuplent au profit des gros bourgs et des villes, les habitants, ont abandonné petit à petit et laissé s'écrouler les maisons du haut. Ils ont construit leurs habitations en bordure de la route.

Au fond de la vallée qui sépare LAIRIERE du plateau de Lacamp,  coule un petit ruisseau, la Bielle, dont une branche, vient du col de la Loubière, l'autre du de Lacamp. Là dans ce val solitaire, où la verdure met une note gaie, fut bâtie, dans le temps jadis une petite chapelle champêtre de style roman, avec des contreforts extérieurs : Saint Romain.

N'y avait il pas au moyen âge ou bien avant la révolution, installé à proximité de cette chapelle un ermite, envoyé par une des abbayes de la région ? Peut être par l'abbaye de LAGRASSE à laquelle LAIRIERE appartenait.

La chapelle était très fréquentée autrefois, et on venait de loin y apporter les enfants qui ne parlaient pas. C'était rare qu'ils s'en retournassent chez eux sans avoir recouvré l'usage de la parole. Mais, il fallait faire le pèlerinage et accomplir jusqu'au bout le vœu formulé chez soi avant de partir.

On raconte qu'un jour, un homme accompagné de son fils muet, âgé de 9 ans descendait le col de la Loubière, se rendant à Saint Romain. A un tournant du chemin, les deux piétons aperçurent la chapelle, dans le fond de la vallée. L'enfant la montrant à son père lui dit : "C'est là bas que nous allons ?" Oui répondit le père, mais puisque tu parles, nous n'avons pas besoin d'y arriver. Ils s'en retournèrent et l'enfant ne parla plus de sa vie : Il était redevenu muet.

Mais à côté de ces dévotions qui n'ont d'autre but que d'implorer la clémence de Dieu par l'intermédiaire de ses Saints, il est curieux de constater que presque toutes les communes du Termenès avaient un Saint de prédilection, auquel on avait élevé une chapelle champêtre qui existe encore ou qui a disparue. TERMES, à Saint André, VIGNEVIEILLE, Saint Félix, LAIRIERE, Saint Romain, BOUISSE Saint Pancrace, MOUTHOUMET Sainte Anne, VILLEROUGE, Saint Martin et Notre Dame de La consolation, qui existent encore, Sainte Colombe, qui a disparue, DAVEJEAN, avait Sainte Madeleine, qui n'existe plus, mais dont le tènement à conservé le nom etc.

Nous trouvons, les prières particulières, d'une extrême simplicité, naïves mêmes, comme celle qu'une femme de 62 ans, originaire de LAROQUE de FA, mais habitant TERMES, depuis son mariage, m'a rapportée.

Une autre version, portant le même titre, m'a été récitée par un homme de TERMES, âgé de 85 ans. Ce qui prouve que cette prière variait sans doute, d'un village à l'autre.

Et elle variait non seulement d'un village à l'autre, mais d'une région à une autre.

C'est ainsi qu'une dame des Hostalets, commune de MONTAURIOL (66), m'a récité, avec quelques variantes, d'une saveur toute particulière, cette même prière sous le titre de : "Al pare nostre petit".

Lorsque les bonnes gens, allaient se coucher, ils mettaient leur sommeil et leur nuit sous la protection des Anges et de Notre Seigneur. Ils n'oubliaient pas les morts.
Chaque fois, qu'ils passaient devant une croix, ils se signaient et disaient : "Les Chrétiens qui passent devant la Sainte Croix, peut être ce sera pour la dernière fois, qu'ils prient Dieu pour les trépassés. ".

Le vieillard, de 85 ans qui a donné cette formule, a fait remarquer qu'il disait cette prière, chaque fois qu'il passait devant une croix. Mais qu'il supprimait : "Peut être ce sera la dernière fois" de peur que le Bon Dieu ne le prenne au mot et le fasse mourir subitement. Mourir ? Oui ajoutait il mais le plus tard possible.

Cette pieuse pensée de prier pour les morts et de ne point les oublier, se perpétue encore à l'église, pendant les divers offices qui s'y célèbrent.
Lorsqu'il y a un mort dans la famille, la mère, l'épouse ou la fille, fait brûler à sa place, a côté d'elle un cierge ou une bougie, tandis que se déroulent les cérémonies auxquelles elle assiste. Ce cierge peut ou signifier la présence du défunt que l'on regrette, ou être, pour le défunt pleuré, une prière en quelque sorte vivante par sa flamme.

Ils avaient des prières, pour toutes sortes de besoin et ils les récitaient avec une grande foi et une grande confiance. Lorsque l'orage menaçait, que le tonnerre grondait, que les éclairs brillaient on récitait une prière qui avait pour fin d'écarter les orages de grêle.

Mais l'homme a d'autres besoins qu celui de s'entretenir avec Dieu ou avec ses Saints. Si l'homme "vit aussi" de toute parole de Dieu, il n'en est pas moins vrai qu'il a des besoins naturels.

L'homme, vit d'abord de pain. Et c'est pourquoi il doit s'occuper du matériel tout en négligent pas le spirituel.

Dans la Haute Corbière, il était rare que chaque famille n'eût pas un troupeau ou du moins quelques bêtes : Brebis ou chèvres. La vie était rude dans ses parages et il fallait veiller à la bonne santé de ces animaux domestiques qui procuraient : La laine, le lait, les agneaux et les chevreaux. La moindre perte, était ressentie par toute la famille. On veillait donc, avec un soin jaloux, sur ce mince ou gros cheptel.

Les vétérinaires, n'étaient pas connus. On consultait parfois : "L'Endébinaïré", lorsque le cas était grave. Par exemple, si dans un troupeau les agneaux ou les brebis mouraient, sans qu'on connusse le mal, atteints peut être par une épidémie, un mal contagieux, on allait trouver "L'Endébinaïré". Celui-ci, ne prescrivait ordinairement pas de remèdes. Il ordonnait la plupart du temps parce que disait il, tel membre décédé de la famille demande et a besoin de prières, de faire dire une messe en l'honneur du Saint Esprit et de faire brûler pendant la célébration du Saint Sacrifice, un cierge bénit le 2 février en la fête de la purification. Dans le cas de maladie légère, on s'en tenait aux remèdes empiriques.

Les habitants de la Haute Corbière du Termenès en particulier, avaient l'habitude, à la Noël de donner, de faire bénir et distribuer un pain pendant la messe de minuit.

Pain ordinaire, pain de ménage, sans anis et sucre ; On ne connaissait pas les raffinements de la pâtisserie actuelle. C'était le pain que la villageoise avait elle-même pétri et cuit dans le four domestique.

Le pain ainsi distribué n'était pas consommé. On le conservait religieusement dans l'armoire. Si dans le courant de l'année, une brebis, une chèvre, ne pouvait pas mettre bas ou avait des difficultés pour cela faire, "Las fédos qué poudion pas anielha", le berger "Le pastré" lui faisait manger un morceau de ce pain bénit "pa senhat", qui à leur dire, avait le don de délivrer les bêtes en mal d'accouchement.

Ce pain, se gardait indéfiniment. On en trouve encore dans les tiroirs des armoires ou des commodes.

Même de nos jours, on use d'autres pratiques concernant les hommes eux-mêmes.

Il 'y a des gens qui ont un secret, pour arrêter le mal dans son développement, ou pour guérir les maladies diverses. Donc les guérisseurs à nom ronflant de certaines villes ne sont en quelque sorte que des initiés qui ont su profiter de la crédulité humaine.

Il y a des secrets pour toutes sortes de mots : Entorses, piqûres, hémorragie du nez, érysipèles, brûlures, fièvres etc. Ces secrets consistent, la plupart du temps, en des signes de croix sur la partie malade, accompagnés de la récitation à voix basse de la formule de prière qui est l'essence du secret.

Tel autre, pour chasser les fièvres, prend un certain nombre de petites pierres qu'il jette derrière lui par-dessus son épaule, sans regarder où elles tombent, tandis qu'il prononce la formule rituelle.

Il est rare que la même personne possède plusieurs secrets. C'est la division du travail, chacun a sa spécialité.

Ces secrets, se transmettent oralement de génération en génération. Il ne faut pas essayer de vouloir capter la confiance de l'opérateur. Il n'y a rien à faire. Parce que, lorsque le secret est connu de plusieurs à la fois dans le même village, il perd son efficacité. Cela ce conçoit, ce n'est plus un secret.
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Sources et bibliographies

Louis ASTRUC:TERMES en TERMENES 1939

Alphonse MAHUL: Cartulaire des anciennes communes du diocèse de CARCASSONNE Tome III

A. de POUS: Le Termenès

Michel ROQUEBERT: Citadelles du vertige

Josette VILLEFRANQUE: Les Corbières

Le site de Bernard DIMON:                   
http://perso.orange.fr/bernard.dimon/geneaber/index.htm

Les Archives Départementales de l'Aude
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Ils sont morts pour la FRANCE

Aux enfants de TERMES 1.pdf

Les Maires du Village

Maires de TERMES.htm

Un Parcours Etonnant

que celui d'Antoine GUIZARD, ce Termenais, devenu militaire puis commerçant et qui se trouve pour finir l'un des chefs de la Commune de Paris.
<b>Antoine GUIZARD le communard</b>


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