Un secret de famille bien gardé

Comme il arrive fréquemment dans certains arbres généalogiques, nous avons une branche bloquée soit par la naissance d'un enfant né d'un père inconnu, de parents inconnus ou venant de l'hospice.

Et la les recherches se compliquent un peu ou sont stoppées.

Dans le cas présent, il s'agit de mes troisièmes arrière-grands-parents paternels Laurent GUIZARD et Jeanne Hélène.

Laurent est né le 8 août 1777 à TERMES, fils de Jean et de Anne ALQUIER.

Son père Jean GUIZARD (1733-1792) épouse en première noce Françoise SAURY de LANET avec qui il va avoir trois enfants : Jacques, né en 1758, Pierre en 1759, et Alexis en 1762. Françoise décède à TERMES le 28 2 1764 âgée de 36 ans environs.

Le 7 mai 1765, Jean, se remarie avec une demoiselle de SALZA, Anne ALQUIER (1738-1792), et vont avoir six enfants : Françoise, née en 1766, Antoine, 1768-1828, Jean 1770-1773, Marie 1772, Elisabeth 1775, et Laurent 1777-1843.

Le dernier né, Laurent mon troisième arrière-grand-père, épouse le 12 janvier 1814 à TERMES, Jeanne Hélène.

Sur l'acte de mariage est inscrit, que Jeanne est née à LAGRASSE de Parents inconnus, âgée de 29  ans environs. On la surnommait la Cicéron, car elle a du être élevée par le Notaire CICERON de LAGRASSE.

Fin de l'année 2005, en parcourant les registres paroissiaux de LAGRASSE, je trouve l'acte de naissance de Jeanne :

Jeanne, fille de père et de mère inconnus, est née le onze et a été baptisée le 12 de mars mil sept cent quatre vingt trois parrain Pierre Guizard pasteur du dit Bouriannes, marraine Jeanne Alquie épouse Chavanettes habitants de la présente  paroisse………

Et l'inattendu coup de chance arrive, grâce au curé de l'époque qui a inscrit cette mention marginale.

" Allez au registre de 1789, et au mois de mars et dans le mariage la légitimation de cet enfant dans le verbal de mariage de ces père et mère."

Voici ce qui va me permettre de découvrir qui sont les parents de Jeanne plus rapidement que prévu.

Sans cette mention marginale, il aurait fallu regarder dans les archives judiciaires (série B) La déclaration de grossesse de la mère de Jeanne.

C'est un document original et très peu connu.*

"Toute femme qui se trouvera dûment convaincue d'avoir celé, couvert ou occulté tant sa grossesse que son enfantement sans avoir déclaré l'un ou l'autre et avoir pris de l'un ou l'autre témoignage suffisant même de la vie ou mort de son enfant lors de l'issue de son ventre et qu'après se trouve l'enfant avoir été privé tant du saint sacrement du baptême que sépulture publique et accoutumée, soit telle femme tenue et réputée d'avoir homicidé son enfant et pour réparation punie de mort et dernier supplice "

Ce texte de déclaration de grossesse datant du XIIIème siècle, n'est réglementée qu'en 1556 par l'édit d'Henry II.

Par crainte des infanticides, les mères se retrouvant enceinte, sont tenues de déclarer leur grossesse devant la justice. Ce rappel était périodiquement renouvelé au prône de l'église jusqu'à la Révolution.

Louis XIV, prévoit par son édit de 1708, que tous les trois mois il sera lu aux prônes des messes paroissiales par les curés.

En cas de non déclaration, La peine encourue était la pendaison. Si la mère venait à avorter ou si l'enfant décédait à la naissance.

Cette source très peu exploitée offre un grand intérêt au généalogiste. On y apprend l'identité des futures mères, des pères présumés et leur origine. Les professions y sont également mentionnées ainsi que leur âge, leur résidence au moment des faits, les circonstances de la conception et même parfois la date probable de celle-ci.

Pour éviter les rigueurs de la loi, La fille ou veuve peut déclarer spontanément sa grossesse devant le représentant de la justice locale.

Le circonstances sont multiples: la fuite de l'amant ou du prétendant , une rupture de fiançailles ou de mariage. Enfin, il y a des circonstances  où les victimes n'ont d'autre recours que l'ignominie ou l'abandon de l'enfant.

Revenons maintenant  à ce fameux acte de mariage :

Extrait de l'acte de mariage de Jacques GUIZARD, né à TERMES le 11 janvier 1758 et de Rose ARNAUD née vers 1764.

Le 26 mars 1789.

Jacques Guizard brassier, majeur de vingt cinq ans fils de feu Jean Guizard, aussi brassier et de Françoise Saury, habitant de Termes au diocèse de Narbonne d'une part et Rose Arnaud majeur, fille de Paul Arnaud pasteur et de Marie Sarrou mariés notre paroissienne et du consentement de ses père et mère d'autre part. Ayant passés partis de mariage retenu par M° Cicéron notaire de  Lagrasse .………………………………………………………………..
Le dit marié et l'épouse nous ont priés et requis d'insérer dans le présent verbal la déclaration : Savoir que la nommée Jeanne née le onze mars mil sept cent quatre vingt trois et baptisée le lendemain tenus sur les fonds de baptême par Pierre Guizard, son oncle maternel et  Jeanne Alquie épouse de Jean Chavanettes menuisier présents à la célébration du présent mariage était leur véritable et légitime enfant ………………………..


Et voilà Jeanne est une GUIZARD.


Ce qui fait que Laurent en épousant Jeanne n'a jamais du savoir que c'était sa nièce.

Quant à maintenant, pourquoi Jacques, le demi-frère de Laurent et Rose ont-ils abandonnés Jeanne à sa naissance le mystère reste entier. On peut penser, que les parents étaient contre le mariage Rose avait environs 19 ans à l'époque ou qu'il ne pouvait pas élever cet enfant.


*déclaration de grossesse: voir genealogy.tm.fr

http://www.genealogy.tm.fr/Chronique/chronique5.htm




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